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qui ont négligé de faire parcourir, en son entier, un cycle de modifications au corps sur lequel ils opéraient ; les méthodes dont ils ont fait usage ne sont pas légitimes.

Nous venons de mettre en évidence un caractère essentiel qui distingue les forces intérieures agissant entre les molécules d’un corps et les forces extérieures sollicitant les diverses parties de ce corps ; si un corps, après des modifications quelconques, revient à son état initial, on est assuré que le travail total effectué, durant ces modifications, par les actions moléculaires, se réduit à zéro ; il n’en est pas nécessairement de même du travail effectué par les forces extérieures ; ce travail peut être positif, nul ou négatif.

Cette proposition est elle-même contenue dans une vérité plus générale : lorsqu’on se donne l’état initial d’un corps et son état final, on peut affirmer que le travail produit par les attractions moléculaires durant la modification subie par le corps est déterminé sans ambiguïté ; on peut faire passer le corps du même état initial au même état final par une infinité de procédés différens ; quel que soit le procédé employé, le travail effectué par les actions intérieures gardera la même valeur.

Il en est tout autrement du travail des forces extérieures ; sans changer ni l’état initial du système, ni l’état final, que l’on change le procédé servant à faire passer le corps de l’un à l’autre de ces états, on changera, en général, la valeur du travail effectué par les forces extérieures.

De cette vérité, nous avons déjà rencontré un saisissant exemple ; nous avons pris une masse d’air qui occupait le volume d’un litre à la température de la glace fondante ; par deux procédés distincts, nous l’avons amenée à occuper, à la même température, un volume de deux litres ; en l’un des procédés, nous détendions cette masse d’air à température constante, sous une pression constamment égale à celle qui la maintiendrait en équilibre ; la pression extérieure effectuait alors un certain travail négatif ; en l’autre procédé, nous mettions le récipient où le gaz était d’abord renfermé en communication avec un vase vide de même capacité ; le gaz se précipitait dans le vide ; la température baissait d’un certain nombre de degrés dans lo premier récipient et montait d’un nombre égal de degrés dans le second ; nous laissions la température reprendre, dans toute la masse, sa valeur primitive ; durant toute cette modification, le gaz se mouvait à l’intérieur d’une enveloppe rigide, en sorte que la pression exté- rieure n’effectuait aucun travail. Ainsi, en conduisant la masse gazeuse d’un même état initial à un même état final par deux procédés différens, nous amenions les forces extérieures à effec-