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Ces comédies sont datées à chaque ligne. Tout le temps on y maudit l’argent, mais comme on maudit son maître, et l’amour, bien petit garçon auprès de lui, triomphe, pour la forme, cinq minutes avant la chute du rideau. « La passion, le sentiment, le roman, nous dit crûment lady Ptarmigant, tout cela n’existe pas. La richesse, le pouvoir, le monde, une invitation à la cour, une résidence à la campagne, une maison de ville dans un bon square, voilà les élémens d’un bonheur solide. » Sam Gerridge, le plombier vertueux qui fait contrepoids à cette crapule d’Eccles, s’est fait une philosophie rien qu’avec les écriteaux qu’il a vus sur les wagons de chemin de fer : « Première classe, Seconde classe, Troisième classe. » Il est défendu de monter dans les secondes avec un billet de troisièmes. Quant à lui, il va s’établir et, d’ouvrier, devenir patron. De la petite bourgeoisie, qui l’empêchera de se hisser jusqu’à la grande ? John Burns vous dira que cette démocratie-là est la négation de la vraie démocratie : en 1868 la formule paraissait très large et très généreuse. Ainsi ce bohème de Robertson qui aurait voulu « que le monde fût un petit ballon pour le précipiter dans le néant d’un seul coup de pied », ce Robertson qui, au sortir des caboulots nocturnes, frappant avec colère du fer de sa canne le trottoir sonore des rues désertes, avait tant de fois invectivé la société de son temps, devenait, sans s’en rendre compte et par une fatalité facile à prévoir, l’interprète des sentimens et des idées de cette même société. L’assaillant de la veille défendait l’état social où il avait trouvé sa place contre les ennemis d’en haut et les ennemis d’en bas. Les nouvelles couches, dont l’avènement datait de 1832, étaient à mi-chemin de leur évolution. En 1850, elles se contentaient des mélodrames noirs, des farces grossières et de l’hippodrome. En 1865, elles demandaient déjà de l’esprit, de la sensibilité, de la satire, une sorte de poésie, tout cela un peu alourdi de cockneysme ; mais ce besoin sincère marquait un progrès, et Robertson le satisfit en écrivant la Comédie des classes moyennes.

Le changement qui se fît alors dans l’existence de Robertson me prouve que j’ai raison. Il avait hâte de dire adieu à la vie irrégulière et de tâter du confortable bourgeois : il s’en forgeait une félicité qui, comme le pauvre vagabond de la fable, le faisait pleurer de tendresse. L’Eve de ce paradis entrevu fut une blonde Allemande rencontrée chez M. Levy, du Daily Telegraph, dont elle était la nièce. Robertson jouit bien peu de temps de cette terre promise. Ses forces et son talent semblaient décliner de compagnie. Mrs Bancroft qui l’accompagnait à la première du Nightingale le vit, livide de rage, montrer le poing aux siffleurs en murmurant : « Je ne leur pardonnerai jamais cela ! »