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pas de places pour ces demi-malades. Les asiles de convalescens ne peuvent pas les accueillir davantage, parce qu’ils sont réservés aux personnes qui sortent des hôpitaux. Ces pauvres filles restent à la maison et achèvent de s’étioler dans l’air confiné et malsain de leur logement, au milieu des privations qu’endure la famille et qu’accroît encore la disparition de leur petit salaire. L’administration de l’Assistance publique, à la charge de laquelle ces malades-là finissent toujours par tomber, leur rendrait un grand service et s’épargnerait des frais dans l’avenir, en organisant des colonies analogues à celles dont nous venons de parler. Elles ne constitueraient assurément pas une dépense comparable à celle qu’entraîne leur séjour dans les hôpitaux, lorsqu’il n’est plus temps de rien faire pour elles, lorsque la névropathie ou la tuberculose ont achevé leur besogne. Cette œuvre philanthropique s’accomplira un jour, j’en suis bien convaincu ; mais son heure n’est pas encore venue. On ne comprend pas encore assez toute la puissance hygiénique du séjour à la campagne pour la population pauvre des grandes villes.

Il serait à désirer également qu’on fît pour les élèves des lycées quelque chose d’analogue à ce qui a si bien réussi pour ceux des écoles primaires. Ce serait la façon la plus avantageuse d’utiliser ces interminables vacances, qui semblent si longues aux parens dans les villes et qui finissent par ennuyer les élèves eux-mêmes. On pourrait, dans les lycées, imiter ce qu’a fait Töpffer et organiser comme lui des voyages de vacances aux frais des familles. Ils n’auraient pas pour ces grands garçons les mêmes inconvéniens que pour les enfans des écoles primaires. Les lycéens sont plus âgés, plus robustes, et leur esprit plus cultivé est moins accessible aux impressions extérieures. Les voyages conviennent aux jeunes gens, pour qui le mouvement est un besoin, l’activité un plaisir, et qui sont à cet âge heureux où une fatigue repose de l’autre. Leur instruction y trouverait son bénéfice aussi bien que leur santé.

Pour rendre ces excursions fructueuses, il faudrait se donner la peine de les organiser. La Compagnie des chemins de fer de l’Ouest a institué des voyages scolaires, à prix réduit, sur ses lignes de Normandie et de Bretagne ; mais ce n’est pas là le genre de locomotion qui convient à des élèves en vacances : il faut qu’ils marchent, qu’ils parcourent le pays en touristes, dans les voitures publiques qu’ils rencontrent et le plus souvent à pied. Quelques lycées du midi de la France ont donné cet exemple. Le proviseur et les professeurs de Bayonne et de Grenoble conduisent souvent leurs élèves dans les montagnes. Dans le ressort de l’académie de Toulouse, on fait mieux encore. Il y a quelques années, des