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conditions, parfois dans des pensionnats privés qui sont vides pendant les vacances. Au départ, on pèse les petits voyageurs, on mesure leur taille, leur périmètre thoracique, et au retour on constate toujours une augmentation notablement supérieure à celle que présentent les enfans demeurés dans leurs familles.

Les fonds nécessaires à ces déplacemens hygiéniques étaient, dans le principe, fournis par les Caisses des écoles dans les arrondissemens assez riches pour en faire les frais ; mais, lorsque les bons effets de cette mesure furent bien démontrés, le Conseil municipal prit le parti de la généraliser, en allouant aux différens arrondissemens des subventions proportionnelles à leurs ressources et au chiffre de leur population scolaire. L’allocation augmente tous les ans. En 1894, elle s’est élevée à 151 581 francs. La dépense totale, en y comprenant la contribution des arrondissemens riches, a atteint le chiffre de 236 459 francs et le nombre des petits colons celui de 3 500. Ce sacrifice ne semble pas exagéré lorsqu’on songe au service rendu. La dépense moyenne est de 67 fr. 56 par enfant pour une absence de trois semaines, ce qui fait 3 fr. 22 par jour et par tête.

Indépendamment de cette subvention, le Conseil municipal a consacré, l’an dernier, une somme de 10 000 francs à l’organisation d’excursions scolaires pour les élèves des écoles communales fréquentant les classes de vacances et qui par conséquent n’ont pas pu s’absenter.

Les colonies de vacances ont maintenant fait leurs preuves, et l’expérience est assez concluante pour qu’on puisse donner à la mesure tout le développement qu’elle comporte. Le nombre des enfans qui ont joui jusqu’ici de cette faveur hygiénique est bien faible à côté du chiffre de la population scolaire. Elle s’élève, rien que pour les écoles primaires, à 156 134 enfans, dont 85 256 garçons et 70 878 filles. Sur ce nombre, nous venons de dire qu’on en avait envoyé 3500 en villégiature, l’an dernier. Ce n’est guère plus de 2 pour 100. Il y en a, hélas ! bien plus que cela dont la santé réclamerait, chaque année, un peu d’air pur et de repos à la campagne.

Ce ne sont pas seulement les écoliers pour lesquels ce besoin s’impose. L’anémie, qui était autrefois le fâcheux privilège des classes élevées, se répand aujourd’hui dans toutes les couches de la société. Les ateliers ne sont pas un milieu salubre ; ils achèvent d’épuiser des constitutions que la vie des écoles a enfarinées. On y rencontre une foule de jeunes filles pâles, chlorotiques, nerveuses, amaigries, qui sont à chaque instant obligées de suspendre leur travail. Elles vont frapper à la porte des hôpitaux, qui ne peuvent pas les recevoir parce qu’ils sont encombrés et n’ont