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pèlerinages, excursions, congrès scientifiques à prix réduit, s’offrent aux émigrans pour faciliter leur exode, et la villégiature se met peu à peu à la portée de toutes les bourses. Déjà la municipalité de Paris, avec une libéralité des plus intelligentes, en a fait profiter les enfans de ses écoles, en organisant pour eux des voyages scolaires qui se sont transformés plus tard en colonies de vacances. Il y a douze ans qu’elle eut la bonne pensée d’envoyer quelques-uns de ses enfans les plus débiles respirer un peu d’air pur hors de l’enceinte de Paris, à l’époque où les écoles sont fermées.

Ce bon exemple nous est venu de Suisse. Les récits humoristiques de Töpffer nous avaient depuis longtemps fait connaître les voyages d’agrément entrepris, aux frais des familles et par les soins des chefs d’institution, pour les enfans des classes riches ; mais l’application de cette excellente mesure aux écoliers pauvres est duc, d’après Uffelmann, au pasteur Bion, de Zurich. En 1876, à l’aide de fonds qu’il avait recueillis à cet effet, il envoya, dans les montagnes du voisinage, 64 enfans des deux sexes accompagnés de leurs maîtres et de leurs institutrices. Le résultat fut si remarquable que, l’année suivante, 94 écoliers furent appelés à jouir de la même faveur. L’exemple de Zurich fut suivi par les grandes villes d’Allemagne : Hambourg, Francfort, Stuttgard, Cologne, Leipzig, Dresde, Berlin organisèrent des voyages scolaires ; le succès dépassa les espérances que ces voyages avaient fait concevoir. Le docteur Varrentrap, conseiller sanitaire à Francfort, nous les a fait connaître, en 1882, au congrès de Genève, et sa communication a vraisemblablement contribué à faire naître chez nous le désir de faire de même. C’est en effet l’année suivante que M. Cottinet organisa les premiers voyages scolaires à Paris pour les enfans du IXe arrondissement. On l’imita de tous côtés, à la grande joie des familles et surtout des enfans privilégiés qu’on faisait ainsi voyager.

Mais au bout de quelque temps, on s’aperçut que les voyages fatiguaient les enfans ; que cette locomotion incessante rendait très difficiles les soins exigés par les plus petits ; et que ces pérégrinations amenaient un surmenage physique et intellectuel, par la succession trop rapide des trajets et la répétition trop fréquente des émotions et des surprises. C’est alors qu’on y substitua les colonies de vacances, qui n’ont aucun de ces inconvéniens. C’est la villégiature avec le calme, l’exercice au grand air et la vie des champs.

Chacun des arrondissemens de Paris dirige aujourd’hui ses élèves sur un point différent, tantôt chez de grands propriétaires qui leur prêtent une maison de campagne, tantôt dans des établissemens de bains de mer qui leur sont loués dans de bonnes