Le travail du général de Verdy consista, pendant ces premiers jours, à revoir avec de Moltke le plan depuis longtemps arrêté pour la campagne qui allait s’ouvrir.
« Le maréchal de Moltke a eu plusieurs fois l’occasion d’expliquer dans ses écrits militaires en quoi consistait, suivant lui, la préparation d’un plan de campagne. Un tel plan ne saurait naturellement pas comprendre le détail des diverses opérations de la guerre à venir, car on voit trop que ce détail dépend absolument du cours même des faits. Mais il est indispensable que le tacticien se propose nettement à l’avance un but défini. Ce but, en 1870, était pour nous facile à déterminer : il s’agissait de rechercher au plus vite la principale des armées françaises et de la détruire par tous les moyens. De là résultait, comme conclusion pratique, la nécessité de masser nos troupes aussi vite que possible sur la frontière, et d’attaquer aussitôt l’ennemi avec nos forces réunies.
« C’est à quoi le général de Moltke s’était préparé dès le moment où il était arrivé à la tête de l’état-major prussien. Prévoyant tout de suite l’éventualité d’une guerre avec la France, il avait rédigé un plan de campagne où il déterminait exactement les premières mesures à prendre ; et il n’avait point cessé, depuis lors, de remanier ce plan suivant la marche des événemens. Il partait de ce principe que nous devions, en cas de guerre, prendre l’offensive, et rassembler nos forces de façon à pouvoir attaquer l’ennemi chez lui, de façon aussi k pouvoir attaquer son armée principale. Il avait encore paru au général de Moltke que le territoire prussien de la rive gauche du Rhin et le Palatinat bavarois devaient fournir le lieu le plus favorable à cette concentration de nos troupes. C’est de là qu’il nous serait le plus facile d’avancer dans toutes les directions et de couvrir le mieux la frontière allemande.
« Le général de Moltke s’était ensuite demandé ce que l’ennemi pourrait tenter pour contrarier son plan. En étudiant la conformation géographique de la France et l’organisation de ses chemins de fer, il était arrivé à la conclusion que l’armée française ne pourrait manquer de se partager en deux groupes, dont l’un, le principal, serait massé en Lorraine, autour de Metz, et l’autre en Alsace. Il en résultait que le principal effort de nos troupes devait être dirigé du côté de la Lorraine, mais qu’il convenait en même temps d’avoir une armée pour couvrir la frontière du côté de l’Alsace.
« En résumé, le général de Moltke proposait de masser au plus vite deux armées sur la Saar, tandis qu’une troisième armée se réunirait entre Landau et Germersheim, pour prendre ensuite l’offensive en Alsace. »
Mais il ne fallait pas non plus négliger l’Autriche, qui aurait bien pu trouver là une occasion de prendre une revanche de sa défaite de