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NOTES DE VOYAGE


EN ASIE CENTRALE




À TRAVERS LA TRANSOXIANE





I

Nous avons parlé de Samarkande et des grandes villes, si populeuses et si peu connues de nous autres Européens, qui se sont développées autrefois dans le bassin du grand fleuve Oxus[1]. Nous avons parlé du Pamir, ce pays désert, inaccessible et inhospitalier, où se trouvent en contact, aujourd’hui, des intérêts divers et considérables[2]. Entre ces deux régions, la première à l’ouest, la seconde à l’est, et jusque bien loin vers le nord, jusqu’aux plaines neigeuses où des fleuves immenses et sans rives se traînent lentement vers l’Océan Polaire, s’étendent de vastes contrées, tour à tour glacées et brûlantes, sur l’aspect desquelles on n’a en Occident que des idées encore vagues, et qui constituent la partie du Turkestan appelée naguère Tartarie indépendante, et aujourd’hui Turkestan russe. Cette partie du Turkestan, on l’appelait jadis la Transoxiane, parce que, par rapport à l’ancien Monde, elle s’étend par-delà l’Oxus, jusqu’aux Monts-Célestes, lesquels la séparent de la Kachgarie et forment actuellement la limite entre les possessions de la Russie et celles de la Chine.

Nous n’entreprendrons pas de raconter les péripéties de notre voyage personnel à travers le Turkestan russe. Ce voyage, d’au-

  1. Voyez la Revue du 15 février 1893.
  2. Voyez la Revue du 1er décembre 1893.