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d’évaluer ce qu’il y a de calorique, à une température donnée, dans un volume vide de toute matière pondérable.

Reprenons, en effet, l’expérience faite en 1807 par Gay-Lussac. Que voyons-nous au début de cette expérience ? Un volume plein d’air, un autre vide ; chacun de ces deux volumes renferme une quantité déterminée de calorique. Que voyons-nous à la fin ? Tout l’espace est rempli par la masse d’air que contenait le ballon plein, et sa température est celle qu’elle avait dans ce ballon. D’un état à l’autre, le système a passé sans absorber ni dégager de calorique. Si donc, comme Gay-Lussac l’a remarqué, l’air raréfié renferme, à la même température, plus de chaleur que n’en renfermait l’air condensé, le gain de calorique qu’il a éprouvé est précisément égal à la quantité de calorique contenue dans l’espace vide qu’il est venu occuper : « le calorique semble appartenir à l’espace. » Un gaz, détendu brusquement, se refroidit, car, pour le ramener à sa température primitive, il faudrait lui fournir la masse de calorique que contiendrait un espace vide égal à son accroissement de volume. Un gaz, comprimé rapidement, se réchauffe, car, pour empêcher sa température de varier, il faudrait lui ôter une quantité de chaleur précisément égale à celle qui remplirait un espace vide égal à la contraction qu’il a subie : « C’est la réduction du volume, la disparition de l’espace qui fait surabonder le calorique. » L’étude expérimentale du phénomène thermique qui accompagne la détente ou la condensation brusque d’une masse gazeuse fera donc connaître la masse de calorique qui remplit un espace vide donné à la température de l’expérience. Répétée dans une enceinte entourée de glace fondante, et dans une enceinte qu’enveloppe la vapeur de l’eau bouillante, — enceintes dont, par définition, les températures absolues diffèrent de cent degrés, — elle nous fera connaître le zéro absolu de température.

Desormes et Clément ont trouvé ainsi que le zéro absolu de température était, sur leur thermomètre idéal, de 267°,50 plus bas que le point de fusion de la glace ; en d’autres termes, que la glace fondait à la température absolue exprimée par le nombre 267°,50 et que l’eau bouillait, sous la pression atmosphérique, à la température absolue exprimée par le nombre 367°,50.

Ce résultat essentiel, Desormes et Clément cherchent à le contrôler par d’autres méthodes ; citons seulement la plus importante.

Entre le point d’ébullition de l’eau et le point de fusion de la glace, chaque fois que la température centigrade baisse d’un degré, une masse d’air ou d’un fluide aériforme, soumise à une pression constante, se contracte d’une même fraction du volume