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assimilable de tout point à un gaz. On peut lui appliquer la loi que Boyle et Townley d’abord, que Mariotte ensuite, ont découverte : La densité d’un tel fluide est proportionnelle à sa tension ; en d’autres termes, la quantité de calorique que renferme un espace vide, de volume donné, est proportionnelle à la température absolue. Si donc nous déterminons la quantité de calorique contenue dans un espace vide de volume donné, et cela en deux points de l’échelle thermométrique, distans d’un nombre déterminé de degrés, — par exemple au point de fusion de la glace et au point d’ébullition de l’eau — un calcul facile nous dira quels nombres correspondent à ces deux points sur l’échelle absolue et quelle quantité de calorique renferme, à chaque degré de cette échelle, l’espace vide considéré.

Mais comment déterminer la quantité de calorique que renferme un espace vide, au point de la fusion de la glace, par exemple ? Dans cet espace vide, laissons rentrer une quantité déterminée d’air ; cet air va s’échauffer. Après Leslie et de Saussure, après Dalton, Desormes et Clément attribuent réchauffement de l’air à l’absorption du calorique que renfermait l’espace vide ; cette expérience nous fournit donc le moyen d’évaluer ce calorique par une véritable méthode de mélange.

Pour appliquer cette méthode, il faut connaître la chaleur spécifique de l’air ; les expériences mêmes de Desormes et Clément, les expériences faites en même temps par Delaroche et Bérard la déterminent. Il faut connaître aussi la température acquise par l’air introduit dans le récipient, et cette indication est difficile à obtenir. Le rayonnement et la conductibilité dissipent vite ce gain de chaleur. Un thermomètre à mercure, dont la masse est considérable, se mettrait trop lentement en équilibre de température avec l’air ; il n’en peut indiquer, d’une manière précise, réchauffement initial. Desormes et Clément eurent l’idée ingénieuse de demander à l’air introduit de marquer lui-même la température à laquelle il était porté ; la lecture de la pression qu’il atteint, aussitôt après son introduction dans le ballon, fournit ce renseignement.

Mais l’expérience que nous venons de décrire n’est encore qu’une expérience idéale. En réalité, le ballon dans lequel Desormes et Clément, après Dalton, laissent rentrer de l’air, n’est pas un ballon vide ; c’est un ballon qui renfermait déjà de l’air à une pression moindre que la pression atmosphérique. Peu importe ; la mesure de la quantité de chaleur dégagée dans la compression rapide d’une masse quelconque d’air, de la quantité de chaleur absorbée dans la détente soudaine d’un lluide aériforme, permet