réservé à la force vive. Aussi définira-t-on la quantité de chaleur présente dans un corps comme la force vive du mouvement intestin dont sont agitées les petites parties de ce corps. Mais, sauf en ce point, les idées cartésiennes touchant la nature du chaud et du froid demeureront inaltérées. Tout en renversant les théories optiques de Descartes et de Huygens, Newton s’exprime comme Descartes lorsqu’il parle de la chaleur. « La lumière, dit-il, agit sur les corps pour les échauffer, c’est-à-dire pour exciter en eux le mouvement vibratoire qui constitue la chaleur ; en revanche, échauffés au delà d’un certain degré, tous les solides deviennent lumineux, et cette émission de lumière est produite par les mouvemens vibratoires qui en agitent les diverses parties. »
Un pied cube d’or, un pied cube de plomb, un pied cube d’eau, un pied cube d’air, lorsqu’ils sont également chauds, contiennent une même quantité de chaleur ; la quantité de chaleur que renferme un corps porté à une température déterminée ne dépend que de son volume et est proportionnelle à ce volume ; c’est une loi communément admise au début du XVIIIe siècle ; dans leurs traités de physique, Pierre de Musschenbrœck, l’abbé Nollet, énoncent cette loi et rapportent des expériences qu’ils jugent propres à la démontrer.
Peut-on mesurer cette quantité de chaleur contenue dans l’unité de volume d’un corps quelconque porté à une température donnée ? Le thermomètre fournit-il une indication à cet égard ? Parmi les thermomètres variés que les physiciens ont imaginés, en existe-t-il un qui monte exactement d’un degré chaque fois que la quantité de chaleur contenue dans un pied cube de matière augmente d’une même quantité, chaque fois que les substances qui le composent éprouvent un gain égal de chaleur ? Celui-là, et celui-là seul, marquerait un nombre de degrés proportionnel à l’accroissement que subit la force vive du mouvement calorifique au sein du corps au contact duquel il se trouve, lorsque ce corps passe du point de fusion de la glace au point de chaud ou de froid où il est actuellement porté ; celui-là seul serait vraiment un thermomètre.
Ce problème sollicite l’attention de tous les physiciens qui, au début du XVIIIe siècle, cherchent à perfectionner le thermomètre ; tous reconnaissent qu’ils ne le peuvent résoudre. Des thermomètres comparables nous permettent d’étudier tous les corps et de dire avec certitude : « Celui-ci est aussi chaud, plus chaud, moins chaud que celui-là. » Ils ne nous indiquent rien de plus. Pour porter un corps de 0° à 100°, il faut lui fournir une plus grande quantité de chaleur que pour le porter de 0° à 20°,