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là même de n’être aperçu que le plus tard possible. Or ce qui dénonce le mieux un grand vapeur, et du plus loin, c’est sa fumée, dont les grisailles estompent l’horizon au-dessus de lui bien avant que paraissent sa mature et sa coque.

Voici donc une raison qui s’ajoute à celle que nous donnions tout à l’heure d’adopter les combustibles liquides : leur combustion étant plus achevée, plus parfaite, la quantité et surtout l’opacité des gaz résiduels seraient sensiblement diminuées.

Faut-il pousser plus loin notre étude, entrer dans le détail des méthodes de poursuite, indiquer des tracés de route suivant les positions relatives qu’occupent, au début de l’opération, le chasseur et le chassé ?

Mais ce n’est pas une monographie que nous faisons ici, et nous n’avons pas la prétention d’épuiser un sujet aussi vaste que celui de la guerre de croisière. Nous nous sommes demandé seulement quels devaient être les traits caractéristiques du « croiseur » afin de les pouvoir opposer à ceux de l’ « éclaireur d’escadre ».

À ces traits, sur lesquels stratégie et tactique se sont trouvées d’accord, il est aisé de donner une expression numérique dans un de ces devis sommaires où l’on fixe les fractions du déplacement total qu’absorbent les élémens essentiels qui constituent le navire. Établissons-le, ce devis, d’après les données mêmes que nous avons recueillies au cours de cette étude :


Pourcentage du déplacement, soit
La coque absorbera 38 p. 100 4700 t
L’appareil moteur (et auxiliaires) 25 p. 100 soit. 3 125 t
Le combustible 24 p. 100 soit. 3 000 t
L’armement offensif 2 p. 100 soit 250 t
L’armement défensif 3 p. 100 soit. 375 t
L’équipage, l’eau, les vivres 7 p. 100 soit. 873 t
La mâture, les agrès, les canots 1 p. 100 soit. 125 t
TOTAUX 100 p. 100 12450 t


Mais comme l’exacte signification de ces chiffres n’apparaît pas d’une manière immédiate et précise, nous les traduirons « en clair » dans la définition suivante :

Le croiseur du large français doit être un bâtiment de guerre, mais non un bâtiment de combat. Exclusivement destiné à capturer des paquebots, il doit se maintenir intact le plus longtemps possible sur un théâtre d’opérations reconnu favorable. Ses qualités maîtresses seront l’autonomie, la vitesse, la solidité des machines. La puissance de l’armement offensif et défensif ne peut venir qu’en seconde ligne.