années plus tard, son attitude embarrassée dans l’affaire de l’Alabama, où l’orgueil anglais eut tant à souffrir ; de là encore, en 1878, son brusque recul lorsque la Russie, tournant les stipulations du 10 avril 1856, créa rapidement une flotte de croiseurs auxiliaires avec des paquebots armés par l’Etat.
Ainsi peu à peu renaissait la conception d’une méthode de guerre commerciale, analogue dans son objet, sinon dans ses moyens d’action, à celle qu’avait inaugurée le décret de 1806, par lequel Napoléon avait essayé de fermer tout débouché sur le continent aux productions des manufactures anglaises ; conception d’autant plus logique, aujourd’hui, que l’état de guerre nous apparaît clairement comme une crise, passagère sans doute, mais normale et inévitable, de la lutte économique qui se poursuit en plein état de paix entre les nations civilisées.
On construisit donc chez nous des croiseurs, timidement d’abord, et comme en s’excusant de bien faire. D’ailleurs, pour n’avoir pas assez creusé le problème, on n’arrivait pas à réaliser l’idéal du « preneur de paquebots ». On restait attaché à un type de bâtimens relativement rapides, tels que le Sfax, le Tage et le Cécille, mais de bâtimens de combat, susceptibles de faire bonne figure dans une escadre, et à qui l’on donnait en conséquence une puissance militaire exagérée, au préjudice de l’approvisionnement de charbon.
En même temps, comme si l’on cul. voulu se payer de mots, on décorait du nom de croiseur des navires qui, répondant à des préoccupations politiques ou à des exigences tactiques toutes spéciales, n’avaient que des droits médiocres à le porter, les croiseurs de station lointaine et les croiseurs torpilleurs, par exemple.
Plus tard, pour répondre aux préoccupations de l’opinion publique, mais sans rien sacrifier de l’ancienne conception du navire de guerre, on créait trois classes de bâtimens rapides, les uns cuirassés, les autres simplement protégés, tous bien armés, tous aussi marqués du même trait caractéristique : la faiblesse du rayon d’action. Dans ces types nouveaux et brillans, perfectionnemens du Tage et du Cécille, nous reconnaissons bien des bâtimens d’escadre, des bâtimens d’avant-garde, des avisos, des estafettes, des éclaireurs surtout, mais nous nous refusons, en dépit des affirmations de la « liste de la flotte », à y reconnaître des croiseurs.
Hier enfin, mais hier seulement, la presse annonçait que, sur l’initiative personnelle du ministre de la marine, on allait mettre sur chantier un véritable croiseur, un croiseur du large, doué d’une vitesse égale à celle des plus récens paquebots et à qui son