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TRIOMPHE DE LA MORT


DEUXIÈME PARTIE[1]

LA MAISON PATERNELLE



I

Vers la fin d’avril, Hippolyte partit pour Milan, où l’appelait sa sœur, dont la belle-mère venait de mourir. George avait projeté de partir aussi à la recherche du pays inconnu. Vers le milieu de mai, ils devaient se retrouver ensemble.

Mais, justement à cette époque, George reçut de sa mère une lettre pleine de choses douloureuses, presque désespérée. Dès lors, il ne pouvait pas différer davantage son retour à la maison paternelle.

Lorsqu’il eut compris que, sans autre atermoiement, son devoir lui prescrivait d’accourir là où était la vraie douleur, il fut envahi d’une angoisse où le premier mouvement de piété filiale fut peu à peu vaincu par une irritation croissante dont l’âpreté augmentait à mesure que surgissaient dans sa conscience plus claires et plus nombreuses les images du conflit prochain. Et cette irritation devint bientôt si acerbe qu’elle le domina tout entier, persistante, entretenue par les ennuis matériels du départ, par les déchiremens des adieux.

La séparation fut plus que jamais cruelle. George traversait

  1. Voyez la Revue du 1er juin.