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sauf le rapporteur général, M. George Cochery. L’élimination de tous les anciens présidens de la commission, de tous les anciens rapporteurs généraux du budget, a été la révélation la plus significative de l’esprit nouveau qui a soufflé sur la Chambre, et qui ne facilitera pas la rapidité, pourtant si désirable, de ses travaux financiers. Lorsque la composition de la commission a été connue, et qu’on a lu les noms de ses membres, quelque inquiétude s’est produite. L’avenir est apparu incertain. Il semble toutefois qu’on s’est alarmé un peu vite : les premières manifestations du petit cénacle ont été plus rassurantes qu’on ne l’avait cru. M. Lockroy a été élu président contre M. Godefroy Cavaignac. M. Cavaignac est, tout le monde le sait, un des membres les plus distingués de la Chambre ; la loyauté de ses opinions est digne de la plus grande estime ; mais enfin il est le partisan et le défenseur le plus militant de l’impôt progressif sur le revenu, et son élection à la présidence aurait eu dès lors un sens des moins douteux. On en aurait légitimement conclu que la majorité de la commission était favorable aux réformes radicales. Loin de là, elle a repoussé l’impôt général sur le revenu, et ce second vote est venu confirmer le premier. Jusqu’ici, la commission s’est bornée à demander au gouvernement deux choses : d’abord de faire des économies nouvelles, ce qui sera difficile, et ensuite de ne toucher sous aucun prétexte à l’incorporation du budget extraordinaire dans le budget ordinaire. Cette incorporation est la première garantie de la sincérité du budget, puisque le budget extraordinaire vit de ressources d’emprunt au lieu de vivre de ressources d’impôt, et qu’il offre un moyen facile de diminuer en apparence le chiffre total de dépenses : il suffit de lui en attribuer une partie pour alléger d’autant le budget ordinaire. Ces tendances de la commission ne peuvent qu’être approuvées. Mais nous sommes au début : on entrevoit les difficultés, sans être encore aux prises avec elles. Quelque ardeur qu’on y mette, on ne fera pas 55 millions d’économies vraies. Si on attribue à l’agriculture le produit de la réforme successorale, 25 millions de plus manqueront au budget. Espérons que cette faute sera évitée : il n’en restera pas moins indispensable de recourir à des taxes nouvelles, et le grand mérite de M. Ribot est de l’avoir dit. On peut contester ses projets, mais non pas la vérité qu’il a été le premier à énoncer. Si les impôts proposés par le gouvernement ne sont pas acceptés par elle, il faudra que la commission en trouve d’autres ; et lesquels ? Les imaginations sont déjà en campagne. Cette année, les Conseils généraux seront réélus par moitié au mois d’août, de sorte que le Parlement devra se séparer plus tôt qu’à l’ordinaire, et au plus tard le 14 juillet. On se demande où nous en serons à cette date, et si la Chambre et le Sénat auront pu voter la réforme successorale et les quatre contributions.


Enfin, des élections générales ont eu lieu en Italie le dimanche