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les résultats désirés, parce que l’impôt général sur le revenu présente en Italie, comme partout ailleurs, des difficultés inextricables d’application et que la consommation de l’alcool peut diminuer sous l’influence de l’accroissement de l’impôt.

M. Sonnino n’a pu mener à bonne fin l’exécution de son programme, il a été remplacé au ministère des finances par M. Boselli qui pratiqua quelques remaniemens de taxes, attribua à l’État le dixième de l’impôt sur la richesse mobilière dont bénéficiaient antérieurement les communes et éleva ce dernier impôt de 13,20 à 20 pour 100. En outre il fit avancer à l’Etat par la Caisse des dépôts et prêts les sommes nécessaires à la garantie du service d’intérêt et d’amortissement de certaines obligations de chemins de fer.

Ces moyens ne peuvent suffire à combler le déficit de 105 millions de lires que le budget voté accusait, et le ministère ne fait pas connaître encore les projets élaborés pour atteindre l’équilibre budgétaire.

Peut-on rétablir l’impôt sur la mouture, si impopulaire, mais qui est d’un large rendement ? Cela paraît difficilement praticable dans un pays dont le gouvernement désire pouvoir supprimer l’augmentation du droit de douane sur le pain, quand le prix du grain s’élèvera au point de faire craindre un renchérissement notable du pain[1].

Si l’Italie ne trouve pas dans l’impôt l’équilibre du budget, fera-t-elle appel aux ressources extraordinaires ?

Assurément elle conserve assez de crédit pour emprunter encore à des conditions plus ou moins onéreuses. Elle peut accroître encore le poids de sa dette flottante par des avances des banques et autres moyens analogues. Enfin, il reste des aliénations d’actif où elle peut chercher des ressources nouvelles. Cette opération lui permettrait de trouver pendant cinq, six ans ou plus même, une somme suffisante pour faire face à ses dépenses. Mais ensuite la situation du Trésor n’en deviendrait que plus difficile. Ce seraient donc seulement quelques années de répit que se donnerait l’Italie, dans l’attente de quelque événement qui viendrait dénouer la crise actuelle.

Si l’Italie persiste dans sa politique financière, elle aggrave sa situation de jour en jour. Cependant, si elle le voulait, le remède au mal serait entre ses mains.

La cause déterminante de ses difficultés financières est l’exagération des dépenses de guerre qui mettent le désordre dans ses budgets et ralentissent l’activité du pays. Si l’Italie, qu’aucune

  1. Rapport de M. Sonnino.