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VII

Un déficit budgétaire moyen de 150 millions de lires, auquel viennent se joindre les déficits des localités obérées, qui, pour les communes seules, s’élèvent à plus de 48 millions de lires[1], une dette consolidée et une dette amortissable montant à près de 13 milliards, une dette flottante, toujours grandissante, qui atteint actuellement plus d’un milliard et demi[2]une dette locale dépassant 1 350 millions[3], la crise commerciale et agricole coïncidant avec les dégrèvemens[4] et avec une vive progression des dépenses, la crise monétaire toujours ouverte, le rétablissement du cours forcé, le crédit public affaibli par l’impôt sur la rente, le cours du change qui cependant s’améliore, l’élévation du taux de l’escompte, les fluctuations d’une rente dont la spéculation agite les cours, — tel est, à l’heure actuelle, l’état économique et financier de l’Italie.

Pour combler les déficits et en prévenir le retour, M. Sonnino, ministre des finances, proposait de diminuer les dépenses et d’augmenter les recettes. Mais il ne montrait pas assez de hardiesse dans ses projets de réformes. Sur le chapitre des dépenses militaires, qu’il eût fallu largement réduire, il ne glanait que des réductions de détail, dont le total montait à 14800 000 lires. Dans les économies fiscales, et surtout dans la diminution des dépenses de travaux publics, il trouvait une économie de 12 millions. Enfin, il attendait une économie de l*> millions de la réalisation de la réforme administrative. Il évaluait à 43 millions et demi les ressources nouvelles qu’il cherchait dans l’assujettissement à la taxe sur les affaires des transactions qui en étaient jusqu’alors exemptées. Restait cependant un déficit de 64 700 000 lires qu’il ne comblait pas ; M. Sonuino laissait entrevoir qu’il tenait en réserve d’autres mesures pour obtenir l’équilibre budgétaire, en faisant appel à toutes les forces contributives du pays. C’était d’abord l’impôt général et personnel sur le revenu, taxe complémentaire et rectificative des inégalités existantes. C’était ensuite la réforme du régime fiscal des alcools.

Mais il était douteux que ces deux mesures dussent produire

  1. Chiffre de 1891. En 1888, le déficit a atteint 90 millions. Nous n’avons pas les chiffres du déficit depuis 1891.
  2. Le Marché financier, par M. Raffalowich, 1894, prévoit une aggravation moyenne et progressive de 12 millions de lires par an pour la période quinquennale 1895-1900.
  3. Pour 1891.
  4. La loi du 18 juillet 1880 diminua d’un quart l’impôt sur la mouture qui disparut complètement en 1884. Quelques autres dégrèvemens ont été aussi opérés relativement à l’impôt foncier en 1876 et en 1886, relativement au sel en 1885.