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près de 400 millions et demi en 1888, et n’ont pu se relever, sauf en 1889, où l’importation monte de près de 200 millions.

Les exportations de l’Italie n’ont cessé de fléchir depuis 1883 : de 1883 à 1887, en cinq ans, la moyenne des exportations a dépassé un milliard. De 1888 à 1892, la moyenne diminue de 133 millions.

En 1891, les exportations sont descendues à leur minimum, 876 800 000 lires ; en 1892, elles se sont relevées à près de 958 millions, et en 1893 elles atteignent 964 millions.

L’Allemagne est venue prendre place parmi les nations qui entretiennent avec l’Italie les relations commerciales les plus suivies et elle les surpassera bientôt si le mouvement actuellement existant continue. En 1875, elle importait en Italie pour 37 millions de lires de marchandises, elle en importait en 1892 pour 144 millions. Cependant les importations de tous les autres pays avaient perdu, surtout celles de la France qui étaient tombées de 369 800 000 lires à 204 500 000. Les importations d’Italie en Allemagne suivaient d’ailleurs une progression ascendante également accentuée : elles passaient de 23 600 000 lires en 1875 à 147 800 000 en 1892.

L’Italie, par suite de la rupture des traités de commerce avec la France, a perdu son meilleur débouché et, quand bien même elle retrouverait dans ses échanges avec l’Allemagne et l’Autriche un courant d’affaires analogue, elle n’en serait pas moins en perte, car ce n’est pas la conservation du marché commercial français qui eût pu être pour elle un obstacle à la conquête de marchés nouveaux.

Si nous comparons maintenant le mouvement de l’importation avec le mouvement de l’exportation, nous constatons que les importations ont toujours largement dépassé les exportations et que ce mouvement s’est accentué de périodes en périodes. L’excédent annuel des importations sur les exportations monte en moyenne à 128 millions de lires de 1875 à 1881 ; 289 millions de lires de 1881 à 1887 et 374 700 000 lires de 1887 à 1893.

La balance du commerce, de plus en plus défavorable à l’Italie, a exercé sur la réserve métallique et sur le change de cette contrée une influence dont les effets fâcheux se sont fait sentir.

La situation économique se révèle encore par d’autres signes appareils. La crise agricole a sévi avec une grande rigueur, comme le prouve l’accroissement de la dette hypothécaire, qui en 1892 s’élevait à plus de 9 milliards et demi de lires, tandis que la dette sans intérêts montait à plus de 6 milliards. La gravité de cette crise trouve sa confirmation dans les chiffres de l’émigration