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à rétablir la circulation monétaire. Mais à côté de cet emprunt justifié, combien d’emprunts, combien d’opérations financières vinrent procurer au Trésor des ressources que l’impôt seul doit fournir !

Le développement des travaux publics, et notamment des chemins de fer improductifs, a été le signal d’un accroissement indéfini de la dette publique. Le gouvernement italien comprit que le vaste plan de travaux publics, dressé en 1879, imposait au budget des charges d’autant plus lourdes que, sous l’empire des tendances particularistes, les provinces, que l’on ne voulait pas mécontenter, luttaient pour obtenir la plus forte part des faveurs gouvernementales, sans souci de l’intérêt général. Le gouvernement ne voulut pas renoncer au vaste programme auquel l’emprunt devait faire face, mais il chercha une combinaison qui lui sembla concilier l’exécution île ce programme avec le souci de son crédit qu’il voulait ménager.

Aux termes des conventions de 1884 et de la loi du 20 avril 1885, l’Etat, qui concède à l’industrie privée l’exploitation technique et commerciale des chemins de fer, met les constructions futures à la charge des compagnies et leur donne mission de faire appel au crédit public pour le compte de l’Etat, qui garantit le paiement des intérêts et l’amortissement du capital emprunté. D’autre part, l’Etat émet directement des obligations pour solder les dépenses d’amélioration et d’augmentation du matériel. Ces conventions fournissent au Trésor une ressource extraordinaire liquide de 266 millions de lires, applicables à la mise en état du matériel, et qui n’est autre chose qu’un emprunt du gouvernement qui paie l’intérêt et l’amortissement de cette somme. Construites et exploitées au moyen d’emprunts appareils ou déguisés de l’Etat, les lignes du réseau de l’Etat italien constituent une dépense improductive, le revenu net que l’Etat en retire représentant à peine 0,09 pour 100 du capital dépensé, qui s’élève à 3 milliards 584 millions de lires[1]. Si au produit net on ajoute les produits accessoires que les chemins de fer italiens rapportent à l’État, c’est-à-dire l’impôt sur la richesse mobilière, la taxe sur la petite et la grande vitesse et autres droits, on trouve que le revenu du capital engagé est de 2,57 pour 100.

En 1890, le gouvernement adopta pour ses emprunts un nouveau type, dit « obligation d’Etat 4 pour 100 pour les constructions de chemins de fer » ; il n’offrit pas au public ces nouveaux titres qui auraient fait concurrence aux obligations

  1. Soit un prix moyen de 355 000 lires par kilomètre.