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Les dépenses militaires et navales de l’Allemagne ont suivi une progression analogue. De 1881 à 1893, la moyenne annuelle des dépenses de la guerre et de la marine a augmenté de 101 millions, soit 17 pour 100 par rapport à la moyenne des dépenses des 6 années antérieures. Si on compare, le budget de 1880 et le budget de 1893, on constate une augmentation de 79 pour 100 d’un budget à l’autre.

Pour la France, la moyenne annuelle s’est abaissée de 22 millions, soit une diminution de 2 pour 400.

En même temps qu’elle assumait le fardeau que lui imposait la triple alliance, l’Italie se lançait dans la politique coloniale. De 1880-1887 à 1892-1893, les dépenses occasionnées par l’occupation de Massouah montent à plus de 119 millions. Qu’est-ce que cette colonie d’Erythrée, qui a coûté de lourds sacrifices ? C’est une région composée de quatre zones dont une seule est habitable.

Les dépenses de travaux publics sont loin de s’élever à un chiffre aussi considérable que les dépenses de la guerre et de la marine dont, en 1892-93, elles ne représentent pas tout à fait la moitié. Elles sont néanmoins excessives.

Assez peu avancée dans le développement de ses routes, l’Italie a porté tous ses efforts vers l’extension de ses voies ferrées, plus onéreuses pour son budget que tous autres travaux publics.

Le nouveau royaume avait trouvé un réseau de chemins de fer fort peu étendu, sauf en Lombardie. Les lignes avaient été établies par chaque Etat, sans vue d’ensemble, exclusivement d’après les besoins locaux de chaque région, reliées entre elles par des soudures hâtives, ne communiquant que par des voies tortueuses, et au prix de nombreux détours, avec la capitale nouvelle. Pour lutter contre les tendances particularisas, aussi bien que pour rendre l’Italie forte contre l’étranger et donner satisfaction aux besoins commerciaux des populations, le gouvernement voulut enlacer le pays entier d’un vaste réseau qui reliât les villes les plus importantes entre elles et avec la capitale.

La contribution de l’Etat à ces dépenses fut la cause principale de la progression constante du budget des travaux publics. La moyenne des dépenses ordinaires et extraordinaires de travaux publics, qui de 1875 à 1880 s’était élevée à 121 600 000 lires, s’éleva de 1881 à 1887 à 221 millions. En 1887-1888 ces dépenses montent à 350 millions de lires.

L’année suivante, la dépense subit, sous la pression des déficits, une réduction qui s’accentue encore après la chute de M. Crispi, en 4894. La moyenne de 1887 à 1893 s’est élevée au chiffre énorme de 251 millions.