À la régénération politique devra succéder, disait Victor-Emmanuel, la régénération économique. Il avait suffi de quinze années pour réaliser le programme rêvé par le fondateur du nouveau royaume d’Italie. Bien que sa constitution géographique, la diversité de ses races, les traditions de fédéralisme léguées par son histoire la rendissent rebelle à l’unité qui fut le prix de mille sacrifices, l’Italie avait surmonté tous les obstacles pour réaliser l’œuvre de son unité nationale et de son relèvement économique : grâce à son esprit politique et au courage patriotique avec lequel elle avait supporté toutes les charges que lui imposait sa haute ambition, elle était parvenue à s’élever au rang des grandes puissances.
L’Italie, dont la renaissance justifiait tant d’espérances, a subi, depuis quelques années, un arrêt dans son développement. Elle souffre en ce moment d’une crise dont le gouvernement italien, il y a un an, a reconnu la gravité. Le président du Conseil des ministres et le ministre des finances, renonçant à dissimuler la vraie situation, ont reconnu le danger, et ont demandé aux partis la trêve de Dieu pour le salut de la patrie. Quelle est la cause du mal ? Quel en est le remède ?
Pour connaître la situation économique et financière de l’Italie, nous étudierons les faits. L’examen des comptes de l’Etat et des budgets des localités nous apprendra la situation de la fortune publique. Quand nous aborderons l’étude de la fortune privée, nous trouverons de précieuses informations dans les tableaux