lui défend de se mettre au courant des problèmes qu’il traite. Il a la bonté de nous dire que par certains termes il entend certaines idées : c’est sans doute qu’il se figure le monde spéculatif comme un désert, où chacun est libre de s’installer à sa guise. » — « Je ne suivrai pas M. Balfour, dit-il encore, dans le chapitre qu’il a consacré à l’idéalisme trancendantal. Il l’a lui-même fait imprimer en petits caractères, donnant à entendre par là que ce chapitre ne saurait convenir à la moyenne des lecteurs. Et si les observations de M. Balfour sont d’une lecture difficile, que serait-ce de celles d’un homme dont les yeux ont fini par s’acclimater aux ténèbres de la caverne de l’Idéalisme? »
Laissons donc M. Wallace dans sa caverne. Mais voici que se lève contre M. Balfour un nouvel adversaire, un prêtre, un théologien, le principal Fairbairn. Il reproche à M. Balfour d’avoir voulu fonder la croyance sur le scepticisme, et d’avoir nui aux intérêts de la théologie, qu’il se proposait de servir. « Je le comparerais, dit-il, à l’aveugle Samson se sacrifiant lui-même pour pouvoir en même temps ensevelir ses ennemis sous les ruines du temple. » Car M. Fairbairn n’admet pas que les vérités de la religion soient inexplicables ; ou plutôt il n’admet pas qu’on dise si haut qu’elles le sont, considérant le doute comme un mal contagieux, et qui aurait vite fait de passer du domaine de la science à celui de la foi.
Le Révérend Martineau, qui est unitarien, regrette que M. Balfour ait attaché la même importance au dogme de l’Incarnation qu’à celui de la Rédemption. M. G. W. Steevens, dans la New Review, lui reproche d’avoir admis la foi en Dieu comme une croyance nécessaire. Mais je n’en finirais pas à vouloir signaler toutes ces réponses, dont aucune, comme on voit, n’atteint la thèse de M. Balfour dans ce qu’elle a d’essentiel. Elles prouvent seulement, par leur nombre même, et leur diversité, l’importance d’un ouvrage qu’elles affectent, pour la plupart, de ne pas prendre au sérieux, mais qui, avec tout cela, ne peut manquer, suivant l’expression de l’archidoyen Farrar, « de valoir à son auteur la reconnaissance de toute personne sincèrement soucieuse des véritables intérêts de l’humanité ».
T. DE WYZEWA.