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LES REVUES ÉTRANGÈRES

REVUES ANGLAISES

LA PHILOSOPHIE DE M. BALFOUR

Les Anglais ont toujours eu à un très haut degré le goût des discussions théoriques ; et rien ne leur plaît davantage qu’une belle controverse, longuement poursuivie à grand renfort d’objections, de réponses, et de contre-réponses. Le « livre de l’année, » the book of the year, celui que tout le monde est tenu d’avoir lu, ce n’est point chez eux, comme d’ordinaire chez nous, un roman, mais plutôt quelque gros traité de morale ou de théologie, à moins encore que ce ne soit un roman philosophique, du genre de ceux de Mrs Humphry Ward, où chaque personnage semble avoir été créé surtout pour réfuter, ou pour énoncer, ou pour symboliser une idée. Mais je ne crois pas que même le fameux Robert Elsmere ait produit en son temps une impression aussi forte, soulevé d’aussi vifs et bruyans débats, que le nouvel ouvrage de M. A. J. Balfour, les Fondemens de la Croyance. Depuis trois mois qu’il a paru, journaux et revues n’ont cessé de s’en occuper; déjà M. Huxley, M. Wallace, le révérend Martineau, l’archidoyen Farrar, déjà les principaux savans, philosophes et théologiens anglais sont intervenus dans la discussion, en attendant qu’y interviennent à leur tour M. Spencer, et peut-être M. Gladstone. Et l’année finira avant qu’on ait fini de s’émouvoir de ce livre de métaphysique, où. il n’est question que des premiers principes et de la cause première.

Cette émotion tient sans doute, en grande partie, à la personne même de M. Balfour. Comme le dit M. Stead dans la Review of Reviews : « M. Balfour ne peut manquer de jouer un jour dans l’histoire d’Angleterre