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LE PÈLERINAGE DE LA MECQUE
ET
LA PROPAGATION DES ÉPIDÉMIES

On sait que rien ne contribue plus à propager les épidémies que les grandes agglomérations et ces migrations humaines qui, sous la forme de pèlerinages, s’accomplissent dans certains pays à des époques déterminées. Les pèlerinages de l’Arabie sont à ce point de vue les plus dangereux ; et au premier rang le pèlerinage de la Mecque, qui a donné lieu aux grandes épidémies cholériques de 1865 et de 1893.

C’est pour prévenir les désastreux effets du pèlerinage de la Mecque que la France a pris, déjà en 1866, l’initiative de la réunion à Constantinople d’une conférence sanitaire internationale. L’an dernier (1894), elle a convoqué à Paris les représentans diplomatiques et scientifiques des divers pays à l’effet d’examiner et de prescrire les mesures nécessaires pour empêcher le choléra de pénétrer à la Mecque, ou de l’éteindre sur place en cas qu’il y reparût.


I

Avant même d’arriver à Djeddah[1], la ville du genre humain (la grand’mère), et dès qu’il l’aperçoit s’élever gracieusement toute blanche entre le gris lointain des montagnes et le bleu des flots, sous un ciel resplendissant, le pèlerin revêt

  1. Djeddah est dans la Mer-Rouge « l’échelle » de la Mecque.