Page:Revue des Deux Mondes - 1895 - tome 129.djvu/210

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des digues avec une direction et une vitesse dont l’impulsion se prolongera sur un assez long espace. — Puis, sur cette faible distance de 7 à 8 kilomètres, des dragages analogues à ceux de la barre de la Mersey peuvent efficacement intervenir.

Arrêter les digues de la sorte, ce sera, par surcroît, donner à l’honnête petit port de Honfleur, si laborieux, si intelligent, si utile à certains commerces, une preuve de sollicitude démocratique.

Ainsi, d’une part, on place la nouvelle entrée du Havre aussi loin que possible de l’embouchure; de l’autre, on prolonge les digues de façon à ne laisser en dehors de leur influence directe que l’étroite bande de l’estuaire comprise entre le méridien de Honfleur et celui d’Amfard. On aurait pu faire plus, on aurait pu faire moins. C’est une transaction. Au moins, n’aura-t-on fait rien d’irréparable. Tels seraient, au contraire, par-dessus tous autres procédés, ces barrages transversaux qui fermeraient à tout jamais l’estuaire, portant au comble le trouble déjà trop grand des mouvemens naturels des eaux, et précipitant la catastrophe qu’avec les digues convenablement évasées on peut, au contraire, avoir l’espérance d’atténuer.


V

La question technique résolue, restait la question d’argent. Ce n’était pas la moindre. Le projet primitif s’élevait à 96 150 000 francs. Mais il faut en défalquer tout d’abord 7 500 000 francs de dépenses purement militaires, visant des travaux absolument distincts de ceux d’amélioration. Ces derniers ne devaient plus alors coûter que 88 650 000 francs dont pour le Havre 67 millions, pour la Seine et Rouen 21 650 000 francs.

Le projet, sans s’arrêter à cette distinction, mettait à la charge de l’Etat les trois quarts de la dépense totale, soit 72 112 500 francs. — Pour faire le dernier quart, le département de la Seine-Inférieure, les villes de Rouen et du Havre offraient, à titre de subsides non remboursables, une somme de 8 millions; les Chambres de commerce des deux ports fournissaient, celle du Havre 12 490 320 francs, celle de Rouen 3 547 180 francs. — Le projet les autorisait à se récupérer au moyen de taxes, basées sur la jauge des navires.

Ces diverses contributions se trouvent naturellement réduites dans le nouveau projet, lequel ne s’élève plus qu’à 42 500 000 francs. Mais la répartition de la dépense entre les intéressés n’est pas faite proportionnellement à l’ancienne. Dans le premier cas, les Chambres de commerce et les villes, encore aidées par le département,