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demandait, et il avait la conscience de n’agir qu’en vue des meilleurs intérêts du Trésor.

M. Louis insista dans le sens des observations présentées par M. Laffitte, et la disposition fut adoptée. Vint en dernier lieu l’article qui autorisait le ministre des finances à faire inscrire au grand-livre de la dette publique el à négocier avec publicité et concurrence, sans que le montant des ressources à créer pût jamais dépasser 200 millions, le chiffre de rentes nécessaire pour réaliser en tout ou partie cette somme, et à suppléer ainsi soit à la vente de tout ou partie des bois de l’État, soit aux obligations qui n’auraient pas été émises, selon ce qui serait jugé le plus convenable aux intérêts du Trésor et aux facilités du service. Cet article, qui répondait aux désirs d’un grand nombre de membres de la Chambre, fut adopté sans discussion, et après quelques paroles de M. Laffitte, qui affirma que le Trésor était loin d’être aux abois, ainsi qu’on affectait de le dire, que les impôts rentraient d’une façon satisfaisante, que tous les services du Trésor ainsi que celui de la rente étaient parfaitement assurés, mais qu’à des dépenses extraordinaires il fallait pourvoir par des moyens extraordinaires, l’ensemble du projet de loi fut voté par 192 voix contre 53.

Porté, quelques jours après, à la Chambre des pairs par le nouveau ministre des finances, le baron Louis, il y fut l’objet d’un rapport favorable rédigé par le comte Roy, à part toutefois l’article qui donnait au ministre la faculté de traiter avec des compagnies pour l’aliénation de tout ou partie des bois. Sans doute, faisait observer l’éminent rapporteur, le projet de loi présentait, d’autres inconvéniens sur lesquels la commission, à raison des circonstances, n’avait pas cru devoir insister, mais elle n’avait pu accepter une disposition non seulement destructive des garanties dont il n’était pas permis de faire l’abandon quand il s’agissait de si grands intérêts pour l’Etat, mais qui, en consentant l’aliénation au profit d’une ou de plusieurs compagnies, aurait le grave inconvénient d’établir la concurrence des vendeurs et non celle des acheteurs. La commission proposait également de substituer la caisse des dépôts et consignations à celle d’amortissement pour les recettes et paiemens.

Dès le début de la discussion qui eut lieu dans la Chambre des pairs, le 22 mars, le nouveau président du conseil, M. Casimir Perier, ayant pris la parole pour faire un exposé de la politique du cabinet dont il était le chef, déclara que, bien que l’article supprimé par la commission eût été conçu dans un esprit de sage prévoyance et présentât des avantages sérieux au point de vue des intérêts de l’Etat, néanmoins le gouvernement, pour