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LES SUITES FINANCIERES D'UNE REVOLUTION
LE MINISTERE LAFFITTE[1]

On touchait à la fin de novembre[2], et aucune mesure n’avait encore été prise pour subvenir aux besoins de l’année dans laquelle on allait entrer. Le gouvernement déchu avait en effet dissous la Chambre, sans lui avoir proposé de budget pour l’exercice 1831, et, depuis le mois de juillet, temps et bases certaines d’évaluation avaient manqué au gouvernement pour lui permettre de préparer ce budget. En prenant possession du ministère îles finances, M. Laffitte eut à se préoccuper de cette situation et, dans l’impossibilité de présenter un budget complet, il dut se borner à soumettre aux Chambres un projet de loi dont l’objet était d’autoriser la perception provisoire, pour 1831, des impôts directs et indirects accordés pour 1830, et de mettre à la disposition du gouvernement un crédit provisoire de 300 millions à répartir entre les divers services ministériels. Ce projet de loi introduisait, en outre, une modification importante et regrettable dans le régime des contributions indirectes en affranchissant des droits d’entrée sur les boissons les villes au-dessous de quatre mille âmes et en réduisant les droits de détail de 15 à 10 centimes. Il existe, on le sait, un triple droit sur les boissons : 1° le droit dit de circulation frappant les boissons destinées au consommateur qui les achète en cercles pour ses besoins domestiques ; 2° le droit

  1. Ce chapitre est extrait d’un ouvrage posthume de notre éminent et ancien collaborateur, M. A. Calmon, sur l’Histoire des finances de la monarchie de Juillet. L’ouvrage paraîtra prochainement chez l’éditeur Calmann Lévy.
  2. 1830.