intéresse beaucoup moins que leurs robes et qui, comme l’a dit dédaigneusement un de leurs contempteurs, « s’habillent, babillent et se déshabillent », sans autre occupation dans la vie, en comptant sur leurs maris, comme sur un banquier complaisant pour payer les notes de couturière. — Voici le résumé des idées recueillies à New-York, dans les salons et au coin du feu, en causant avec les personnes qui apprécient comme il convient leur lot actuel :
« Aucun affranchissement ne doit marcher trop vite, nous faisons notre apprentissage, nous nous tenons prêtes sans hâte, notre but étant de servir le pays, non pas de lui créer des embarras nouveaux. Si l’on pouvait restreindre le suffrage, le remettre aux mains d’une élite d’hommes et de femmes, tout marcherait mieux ; mais le suffrage chez nous est censé universel, c’est-à-dire qu’on ne paralyse qu’à grand’peine l’effet des votes d’une nuée de vagabonds, venus de partout et ignorans autant qu’insoucieux des véritables intérêts de la nation, prompts à vendre leur voix au premier politicien qui les paye, — sans parler des nègres qui ont reçu leurs droits de citoyens en même temps que la liberté dont ils ne savaient pas encore se servir ! Lors de chaque vote il faut acheter une masse d’abstentions ; ce serait pire si le nombre des votans sans lecture et sans moralité s’accroissait d’un nombre égal de votantes de même espèce, les pareilles de ces hommes-là. Mais l’avenir modifiera beaucoup de choses, l’instruction se répand, l’assimilation se produit ; sachons attendre. »
Les femmes qui montrent cette patience me paraissent dignes de participer un jour, si ce jour doit venir, aux affaires de leur pays. Et cependant, je déclare que, sans exception, elles portent les modes de Paris incriminées par Mrs Stanton et jugées par elle incompatibles avec un cerveau bien équilibré. Les réformatrices à cheveux courts et sans corset se rattachent à une ère évanouie ; nul ne sait plus rien des excentricités qu’en Europe on attribua jadis aux bloomers. Une réforme trop radicale en matière de toilette serait celle qui se ferait le plus difficilement accepter.
Faute d’être admises au suffrage, les Américaines s’occupent-elles quand même de politique ? Elles s’en gardent. Leur but en votant serait d’obtenir la preuve d’une égalité réelle avec l’homme. À quoi bon le reste ? Les femmes qui dans le vieux monde font