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l’Institut royal d’Amsterdam. Dans le premier chant, le poète décrit la pêche de l’espadon (xiphias) qui, fuyant des régions polaires, se réfugie dans le détroit de Messine :


Qua maris indomiti potuit vis aspera quondam
Montibus ausoniis siculos adjungere montes.


Les pêcheurs de Scilla attendent le poisson, debout sur leurs barques et le trident en main, tandis que, au sommet d’une roche, un des leurs garde la mer pour leur donner le signal de l’arrivée du poisson. Et le poète décrit ensuite l’arrivée, la mort du poisson. Dans le second chant interrompant, à la manière virgilienne, son tableau de mœurs, M. Vitrioli chante le mythe de la nymphe Scilla, transformée par Circé en un monstre terrible. Puis, revenant à son sujet, il fait un vivant tableau de la fête que célèbrent, la pêche finie, les mariniers de Scilla.

Ce sont là des exercices littéraires dont nous nous serions bien moqués il y a encore peu d’années. Mais voici que le goût nous revient de ces pieuses imitations de l’art d’autrefois. Nos jeunes poètes n’en sont pas encore aux vers latins ; mais je ne doute pas, au train dont ils vont, qu’ils n’y arrivent bientôt. Puissent-ils apporter au service des Muses la même ingénuité et la même modestie qu’y apporte depuis cinquante ans le poète latin de Reggio !


T. DE WYZEWA.