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renouvellement du privilège prolongé alors jusqu’en 1900, sera peut-être grossi encore à cette époque. Ce sera le prix que le gouvernement essaiera d’obtenir contre une nouvelle prorogation.

Depuis plusieurs années, la Reichsbank, suivant en cela le sort de son aînée la Banque de France, voit ses bénéfices décroître en même temps que l’importance de ses transactions augmente. Elle aussi tend à devenir avant tout une serre de métaux précieux et une chambre de compensation ; son encaisse atteint un milliard de reichsmarks, dont les trois quarts à peu près en or, alors que sa circulation ne dépasse guère cette somme. Le chiffre de ses viremens est de 42 milliards à l’entrée et autant à la sortie. Si son portefeuille n’a pas décru comme celui de la Banque de France, c’est qu’elle a la faculté d’acheter du papier à un taux d’escompte inférieur à son taux officiel, tandis que chez nous toutes les opérations doivent se faire au prix uniforme.

Les Allemands n’ont pas encore songé, et il faut les en féliciter, à user du crédit de leur Banque pour faire consentir des avances au ministère des finances, pour escompter les bons du gouvernement ou pour immobiliser des rentes nationales. Ils trouveraient donc en elle, au jour du danger, un instrument d’autant meilleur qu’ils n’y auraient pas eu recours en temps de paix. Les seuls services que la Reichsbank rend à l’Etat sont d’un ordre administratif ; elle paye les intérêts de la dette impériale ; elle acquitte les dépenses et recueille les recettes de la Caisse supérieure de l’Empire, mais seulement pour les opérations du trésor, de la justice et de l’intérieur à Berlin : les affaires étrangères, les postes, la guerre et la marine ont leurs caissiers spéciaux. Dans ses 200 succursales, elle encaisse les recettes locales et acquitte les dépenses effectuées sur toute la surface du territoire, pour compte de l’Empire allemand et de la monarchie prussienne. Les trésors impérial et royal ont à cet effet chez elle des comptes courans dont la seule condition est de rester constamment créditeurs d’au moins dix millions de marks. Au point de vue des finances publiques, la Banque de l’Empire allemand réalise l’idéal, en ce sens que son actif ne comporte aucune créance sur l’Etat, et qu’elle paye à celui-ci un prix très élevé, qu’on peut presque considérer comme un maximum, en échange du privilège qu’il lui a concédé pour une courte période.

Contributions matriculaires. — Le dernier chapitre des recettes sur lequel nous ayons à nous arrêter est celui des contributions matriculaires, qui figurent au budget pour près de 400 millions. Elles se compensent, jusqu’à concurrence de 356 millions, avec les sommes que l’Empire a virées l’an dernier au crédit des États particuliers. Celles-ci, nous l’avons indiqué au cours de notre