sommes qu’il rétrocède à ses confédérés du chef des impôts indirects, on constate que ceux-ci pourraient suffire à l’équilibre de son budget, s’il en conservait l’intégralité dans ses caisses. La constitution ne lui interdit d’ailleurs pas de s’attribuer des impôts directs, mais il n’a pas jusqu’ici fait usage de ce droit : il n’y a eu à cet égard de projets sérieux formulés que ceux d’une taxe militaire impériale proposée il y a quelques années, de droits de patente et d’un impôt sur le revenu distincts de ceux que prélèvent les États particuliers.
La gauche du Parlement et en particulier les démocrates socialistes (sozial-democraten) sont beaucoup moins hostiles que le reste de l’assemblée et que le gouvernement lui-même à l’établissement d’impôts directs et notamment d’un impôt, sur le revenu au profit de l’Empire. Ils ont marqué leur préférence à cet égard dans mainte circonstance ; tout en combattant les accroissemens de dépenses, qu’ils trouvent exagérés, ils aimeraient mieux, si la nécessité de nouvelles ressources était démontrée, les demander à la taxation directe, moins injuste à leurs yeux que les impôts de consommation. Le discours de Bebel en novembre 1893, lors de la discussion du projet d’impôt sur la fabrication du tabac, expose nettement cette manière de voir.
L’administration des finances impériales constitue une sorte de gestion de société, mais les recettes et les dépenses ne sont, pas toutes communes à l’ensemble des associés, et ne sont pas non plus proportionnellement réparties entre eux ; si les recettes ne suffisent pas aux dépenses, chacun des membres doit contribuer à combler le déficit ; enfin certaines recettes communes sont réparties entre les associés, mais entre ceux-là seuls sur le territoire de qui elles sont opérées par les soins de l’Empire. La politique de M. de Bismarck tendait à supprimer les contributions matriculaires, à augmenter les ressources de l’Empire, et à faire de celui-ci un auxiliaire pour les États particuliers, afin qu’il cessât de leur apparaître comme un créancier importun. Il appelait (séance du 22 novembre 1875) les contributions matriculaires une forme grossière d’impôt qui ne frappe pas le contribuable selon ses facultés, qui a pu servir d’expédient durant les années d’enfance de l’Empire, mais qui n’aide pas à en asseoir solidement les bases économiques. Dans le même discours, M. de Bismarck se déclarait partisan convaincu des impôts indirects et n’admettait comme impôt direct que celui sur le revenu, frappant les riches, sans se faire d’ailleurs illusion sur l’étendue des sommes qu’il est possible d’obtenir sous cette forme. Il voudrait supprimer les autres impôts directs, ou ne les laisser tout au plus subsister que dans les villes, comme taxes municipales, de façon à montrer aux