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Las Llaves del estrecho (les clefs du détroit), vous les trouverez exposées, dans une préface, par le ministre de la guerre lui-même, général José Lopez Dojninguez. Nous en avons trois : la reprise de Gibraltar, une union politique étroite avec le Portugal, et une situation privilégiée au Maroc. Elles sont naturelles, et ni l’une ni l’autre ne menace un de vos droits ou ne contrarie un de vos projets. Je suppose, en effet, que votre action, au Maroc, tend uniquement à retarder l’époque du partage, et, l’échéance venue, à vous assurer un bon voisin : et j’estime que nous devons être ce bon voisin, et que vous devez nous aider à le devenir. Notre intérêt, je n’en parle même pas. Mais le vôtre, le voici : avant cinquante ans, l’Afrique aura été colonisée par l’Europe. Chaque nation d’Europe créera sa route, et battra la caisse, pour tâcher d’attirer à elle les caravanes de l’immense inconnu du milieu. Vous aurez votre voie de pénétration, et nous aurons la nôtre. Mais remarquez que nous sommes, en ligne droite, à trois quarts d’heure de Tanger, et que la nature elle-même nous a désignés pour être le trait d’union entre les deux continens. Nos chemins de fer attireront, plus sûrement que les navires, les marchandises et les voyageurs, et, au bout de ces chemins de fer, qu’y a-t-il ? la France, qui bénéficiera de notre établissement sur la terre d’Afrique. »


— Comme dans les autres capitales de l’Europe et dans plusieurs villes d’Orient, la France d’autrefois avait fondé des œuvres d’assistance à Madrid. La France d’aujourd’hui les a adoptées et développées. On est fier de l’y retrouver fidèle à sa double mission de charité et d’enseignement. Et la plus ancienne de ces œuvres est celle de Saint-Louis-des-Français, dont l’origine remonte aux donations et legs de Henri de Savreulx, gentilhomme picard, du commencement du XVIIe siècle, qui fut d’abord soldat et mourut chapelain de Sa Majesté catholique. Elle comprend une église, celle de Saint-Louis-des-Français, calle de las très cruces ; un hôpital pour nos nationaux, avec refuge de nuit et consultations gratuites ; un externat tenu également par les sœurs de Saint-Vincent de Paul, et qui compte de 180 à 190 élèves. Quelques difficultés étant survenues, relativement à l’administration des biens de l’hôpital, une convention a été signée, en 1876, par les représentans des deux gouvernemens. Je l’ai lue. Il y est dit que le gouvernement français et le roi d’Espagne sont co-patrons de l’hôpital ; que l’établissement est propriété française ; que le Patriarche des Indes a la haute juridiction en ce qui concerne le spirituel ; que toute l’administration temporelle relève de la France ; que le personnel, exclusivement français,