métallique et annihilât par là même ses inconvéniens. Moyennant cette addition si simple de 7 kilos de manganèse, par 1 000 kilos de fonte, le succès fut complet.
Pour la France cependant il n’était pas encore d’une très grande utilité, parce que la plupart de nos minerais nationaux contiennent une notable quantité de phosphore. Les fontes phosphoreuses que l’on en tirait, le fer qui en provenait, étaient d’une valeur médiocre. Impossible d’en obtenir un acier marchand. Telle était la situation lorsqu’en 1879 un pauvre clerc de notaire anglais, nommé Thomas, qui suivait à Londres des cours publics de métallurgie, trouva la formule pratique de déphosphoration des fontes. L’idée première appartenait à l’un de nos compatriotes, M. Grimer, professeur à l’Ecole des mines de Paris, qui, dans ses ouvrages, l’avait plusieurs fois suggérée. Mais il n’avait pas construit d’appareil, et toute la difficulté résidait dans l’application du principe scientifique.
On savait déjà que la chaux, mélangée à la fonte phosphoreuse dans une proportion déterminée, accaparait la totalité du phosphore avec lequel elle se combinait, et dont l’acier se trouvait ainsi purgé. Mais en même temps, par une réaction chimique, cette chaux faisait fondre les briques qui formaient le revêtement intérieur du convertisseur. L’idée semblait excellente et impraticable. Un Français, nommé Ponsard, qui avait essayé d’en tirer parti, venait d’échouer, lorsque Thomas imagina de remplacer la chemise de briques par un enduit de dolomie, sorte d’asphalte composé de goudron et de magnésie, — qui doit son nom à un savant du premier Empire, le marquis de Dolomieu, — et qui, n’offrant à la chaux aucune prise, est presque inaltérable. Le métal ainsi obtenu porte en langage technique le nom d’acier basique, tandis que celui de Bessemer est appelé acide. Mais tous deux se valent, et cette désignation de laboratoire ne sert qu’à distinguer leur fabrication.
Informé de la découverte, M. Schneider se rendit aussitôt à Londres ; il était cependant en retard de vingt-quatre heures. La veille l’inventeur avait vendu l’exploitation de son procédé dans le nord de la France à un Belge, M. Tasquin, moyennant la faible somme de 50 livres sterling — 1250 francs — sur laquelle il s’était immédiatement payé une bouteille de Champagne et un paletot. Le président du Creusot acquit toutefois, pour 25 000 francs, le droit d’appliquer cette méthode dans ses usines ; mais, lorsqu’il s’agit de l’étendre aux districts de l’Est, MM. Schneider et de Wendel durent racheter 800 000 francs à M. Tasquin ce que celui-ci avait obtenu pour 1250 francs. Quant à M. Thomas,