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mais il s’arrangea de façon que le courrier partît tard, et ne mît point son honneur professionnel à braver les difficultés de la saison, les mauvais chemins et les torrens débordés.

Vienne s’était prise d’un bel accès d’effervescence. Nobles, étudians, bourgeois se pressaient aux bureaux d’enrôlement. Le 10 avril, l’empereur décréta le landsturm, c’est-à-dire la levée en masse. Mack, qui resta jusqu’en 1805 en possession de l’emploi d’oracle officiel en matière militaire, forma un camp retranché sous les murs de la ville. La mise en scène ainsi disposée, Thugut dressa les instructions des plénipotentiaires. A Merveldt, bon officier, mais neuf dans la diplomatie, il adjoignit le ministre de Naples, Gallo, fort bien en cour et qu’il estimait d’ailleurs à sa discrétion. Ils devaient stipuler le principe de l’intégrité de l’Empire, c’est-à-dire refuser l’adhésion de l’empereur à la cession de la rive gauche du Rhin ; ils pouvaient abandonner les Pays-Bas autrichiens et la Lombardie, mais ils devaient réclamer, en compensation, une partie des territoires vénitiens ou une partie ; des Légations. Ainsi, au moment où elle invitait Venise à l’alliance et où elle était encore l’alliée du Saint-Siège, la cour de Vienne cherchait à s’emparer des États du Pape et de ceux de la République.

Bonaparte avait établi son quartier général au château de Léoben. L’Autriche faisait grand état de ses préparatifs. Bonaparte en était déjà informé, et il ne laissait pas de s’en préoccuper ; il trouva moyen d’en tirer parti. Ces arméniens de l’empereur étaient pour lui un motif de hâter la paix, et, en même temps, un moyen de l’imposer au Directoire. « Le Rhin n’était pas passé, écrira-t-il au Directoire ; l’empereur n’attendait que ce moment pour quitter Vienne et se porter à la tête de son armée. S’ils eussent fait la bêtise de m’attendre, je les aurais battus ; mais ils se seraient toujours repliés devant nous, se seraient réunis à une partie de leurs forces du Rhin et m’auraient accablé ; alors la retraite devenait difficile, et la perte de l’armée d’Italie pouvait entraîner celle de la République… Si je me fusse, au commencement de la campagne, obstiné à aller à Turin, je n’aurais jamais passé le Pô ; si je m’étais obstiné à aller à Rome, j’aurais perdu Milan ; si je m’étais obstiné à aller à Vienne, peut-être aurais-je perdu la République. »

Cependant il apprend que, le 4 avril, Clarke a signé à Turin un traité d’alliance avec la Sardaigne : le roi promet neuf mille hommes et quarante canons à la République. Il sait, d’autre part, que Hoche se dispose à passer le Rhin. Ces nouvelles lui permettront d’élever le ton, en même temps que l’inaction de Moreau