des Autrichiens et ennemi des Français, Je soutiens et j’encourage le premier, je contiens le second, et je réprime le troisième. » Le congrès de Reggio se réunit. Un ci-devant gentilhomme, futur duc de l’Empire et pair de France, Marmont, y représente Bonaparte. La. République cispadane est proclamée, et elle fraternise avec les députés de la République lombarde. « Ce ne sera pas en vain, disent les Lombards, et nous allons prouver à la face de l’Univers que ces peuples nés sous le même ciel, ont la même force de volonté, la même hauteur d’imagination, la même profondeur de prudence. » Le congrès acclame Marmont, c’est « la part de la hauteur de l’imagination » ; puis il députe vers Bonaparte, c’est la part de « la profondeur de prudence ». Les Cispadans, comme le Directoire à Paris, comptent sur son bras, pour faire de grandes choses en leur nom et à leur profit. « Faites, général, que votre ouvrage soit immortel comme vous-même. » Bonaparte leur répond, le 1er janvier 1797 : « La misérable Italie est depuis longtemps effacée du tableau des puissances de l’Europe. Si les Italiens d’aujourd’hui sont digues de recouvrer leurs droits et de se donner un gouvernement libre, l’on verra un jour leur patrie figurer glorieusement parmi les puissances du globe ; mais n’oubliez pas que les lois ne sont rien sans la force. »
Le même jour il écrit à un Italien ; il se loue de l’évêque de Bergame, et il ajoute : « Je me convaincs tous les jours d’une vérité bien démontrée à mes yeux, c’est que si le clergé de France avait été aussi sage, aussi modéré, aussi attaché aux principes de l’Evangile, la religion romaine n’aurait subi aucun changement en France. » Bonaparte suit de loin l’ouvrage de Hoche dans l’Ouest. Rien, pense-t-il, ne serait plus populaire en France que le rétablissement du culte catholique, sans Eglises privilégiées, sans clergé propriétaire, sans moines opulens, sans abbés oisifs. Rien ne tentera plus Rome que l’occasion offerte de reconquérir la France. Si Rome refuse de comprendre ou soulève des obstacles, la peur en triomphera. La même peur, mêlée d’avidité, a soumis la Sardaigne ; elle contiendra Naples. Reste à payer l’Autriche. Bonaparte, dans cette première sagesse, qui fut chez lui comme une fleur précoce du génie, incline peu à payer la maison d’Autriche en Allemagne : concentrer les territoires dans l’Empire, c’est prendre à rebours la tradition française ; la France gagnerait moins à s’étendre vers le Rhin qu’elle ne perdrait à arrondir l’Autriche et la Prusse. Il faudra donc indemniser l’Empereur en terre italienne, et comme Bonaparte exclut les républiques qu’il a prises en tutelle, il n’a plus le choix. La