avoir écouté des flots d’éloquence, elle s’est contentée de voter quelques crédits : elle les aurait votés tout aussi bien, quand même aucun discours n’aurait été prononcé Si des réformes doivent jamais être faites en Algérie, elles le seront sans doute sur l’initiative du Sénat qui, lui, a mis à l’étude les questions algériennes en elles-mêmes et pour elles-mêmes, en dehors de toute discussion budgétaire. De ce côté, il y a peut-être quelque chance d’aboutir, pourvu toutefois que la Chambre, lorsqu’elle sera saisie du travail fait au Luxembourg, n’ait pas la prétention de le changer d’un bout à l’autre, ou ne le laisse pas tomber dans les oubliettes profondes et silencieuses qui ont déjà englouti tant d’autres projets. En attendant, les choses resteront en l’état. Tout le monde convient aujourd’hui que l’institution même du gouvernement général est mal organisée. M. Jules Cambon a fait en quelque sorte toucher du doigt l’insuffisance de ses pouvoirs sur certains points. Le système des rattachemens des services algériens à divers ministères a aussi fait ses preuves, et ces preuves l’ont condamné. N’importe ! rien ne sera changé d’ici longtemps à la situation de l’Algérie, et la Chambre lui aura consacré très inutilement plusieurs de ses séances. Dans ces discussions improvisées, ou qui le sont du moins pour elle, la Chambre, qui n’y est pas suffisamment préparée, entrevoit les objets, en reconnaît les défauts lorsqu’on les lui explique, et a même quelquefois le sentiment assez distinct de ce qu’il faudrait faire pour les corriger ; mais, le lendemain, la lanterne magique parlementaire présente d’autres images, et celles de la veille sont oubliées aussitôt qu’elles sont remplacées.
Qu’il y ait là un vice d’organisation dans le travail de nos assemblées, rien n’est plus certain. En veut-on un autre exemple ? On a dit du gouvernement général de l’Algérie qu’il fallait le supprimer ou le réorganiser, après quoi on n’a fait ni l’un ni l’autre. Il en a été exactement de même de la direction des bâtimens civils, ce qui, à la vérité, a une moindre importance : nous ne comparons pas les deux institutions, mais seulement les procédés parlementaires qui leur ont été appliqués. La direction des bâtimens civils a été rattachée, tantôt au ministère des beaux-arts, tantôt au ministère des travaux publics. Lorsqu’elle appartient aux beaux-arts, on ne manque pas de dire qu’elle comprend des services, tels que la construction, les réparations et l’entretien des haras, qui n’ont aucun rapport avec l’art, et on déclare que ce rattachement est absurde ; on reconnaît aussi qu’il est une cause de dépenses plus considérables, parce que la recherche du beau s’ajoutant à celle de l’utile entraîne inévitablement plus de frais. Mais lorsque la direction des bâtimens civils appartient aux travaux publics, on déclare avec non moins de raison que ce ministère, spécial et technique, a une compétence douteuse pour tout ce qui concerne l’entretien