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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.



28 février.


Il ne s’est rien passé de bien important depuis quinze jours. La discussion du budget poursuit tranquillement son cours à la Chambre des députés, mais il faut avouer que, si ce cours est moins interrompu qu’autrefois par des questions, des interpellations et des incidens de toute sorte, il n’en est pas moins très lent. La Chambre a pris le parti héroïque de siéger le matin et l’après-midi. À ce régime de deux séances par jour, il semble qu’elle devrait faire beaucoup de besogne ; en réalité elle en fait peu, et M. Ribot, samedi dernier, à la veille du congé des jours gras, a dû exhorter les orateurs à plus de brièveté, — faute de quoi nous sommes dès maintenant menacés d’un quatrième douzième provisoire. Le troisième vient d’être voté. C’est la première fois, croyons-nous, que, dix-huit mois après les élections, une Chambre n’a pas encore voté son premier budget, et il est hors de doute qu’elle manque en cela à la première de ses fonctions. Beaucoup de temps a déjà été perdu ; on aurait pu croire qu’il serait en partie réparé par la rapidité d’un débat d’où l’on a soigneusement écarté toutes les réformes sujettes à contestation ; mais il semble, malgré cette précaution, que nous soyons encore très loin du terme. Cela vient surtout de la détestable méthode de travail que les Chambres antérieures ont appliquée au budget, et que la Chambre actuelle a eu le grand tort de suivre à son tour. Elle aurait donné un bon exemple en rompant avec les mauvaises habitudes du passé : elle a préféré s’y conformer, en les aggravant.

Bon nombre de députés estiment, à tort ou à raison, qu’il y a lieu