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de garde municipale, huit cents, et un millier de sergens de ville, soit au total sept mille hommes. Parmi eux, la moitié à peine, les gendarmes, les gardes municipaux et les sergens de ville étaient solides.

La gendarmerie, qui arriva la première vers dix heures, barra les voies d’accès à distance de la Chambre. Le quai d’Orsay fut interdit depuis le pont de Solférino jusqu’à l’esplanade des Invalides ; le pont de la Concorde, barré à l’extrémité qui donne sur la place ; la rue de l’Université et la rue de Bourgogne interdites aux abords du Palais ; la place du Palais-Bourbon, occupée par deux escadrons de gendarmerie. Telles étaient les lignes extérieures de défense.

Les sergens de ville furent postés avec les gendarmes partout où les voies étaient interdites : deux fractions les plus fortes, de deux et de trois cents hommes, prirent place l’une sur le pont de la Concorde, derrière la ligne des gendarmes à cheval, l’autre en face du pont, adossée à la grille du Corps législatif. La garde municipale à pied fut placée derrière cette même grille. Un escadron de garde municipale à cheval fut massé sur le quai, entre la grille et le pont, près la rue de Bourgogne. Vis-à-vis la cour de la Rotonde, un bataillon de ligne fut établi de même, les deux troupes se faisant face au débouché du pont, et prêtes à se rabattre sur lui.

Enfin l’autre bataillon de ligne était dans le jardin de la présidence, et des deux bataillons de garde nationale, l’un, de piquet, avait formé des faisceaux dans la cour d’honneur qui donne sur la place du Palais-Bourbon, l’autre, de garde, fournissait les postes intérieurs.

Ces troupes avaient été placées d’autant plus loin du peuple qu’elles offraient moins de solidité. Seuls les sergens de ville et les gendarmes étaient en contact avec la foule et préparés à la défense directe du pont. Telle était la digue contre laquelle, vers midi, la foule qui commençait à affluer sur la place de la Concorde vint buter et s’arrêta.

Avant la foule, les députés étaient arrivés au Palais-Bourbon. Impatiens de savoir quelles résolutions le gouvernement avait prises dans son conseil du matin, ils se pressaient dans les couloirs dès onze heures. On apprit que M. Schneider et M. Brame s’étaient faits les défenseurs énergiques de la transaction imaginée par M. Buffet ; le conseil avait refusé de l’adopter. Ils avaient demandé qu’au moins on ne la repoussât pas avant d’avoir entendu son auteur ; le conseil n’avait pas consenti même à discuter. Le conseil pourtant n’était pas demeuré dans ses résolutions de la veille. Pour se rendre plus fort contre l’émeute,