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LA FIN DU SECOND EMPIRE

III.[1]
LE DERNIER JOUR


I

La France avait vu les armées se rapprocher, se joindre : dans l’angoisse d’ignorer et la crainte d’apprendre, elle attendait. Mais le cercle où l’ennemi avait enfermé nos troupes tenait les nouvelles mêmes prisonnières. Sur le rapport d’un officier parti de Sedan le 1er septembre au matin, Vinoy avait fait connaître au ministre de la guerre le commencement de l’action et la blessure du maréchal. Depuis, dans la nuit, dans la journée du 2, aucun bruit n’était venu de ce champ de bataille, muet déjà comme un tombeau.

Le 3, au matin, des dépêches adressées de Bruxelles et de Londres à des journaux et à quelques particuliers commencèrent à répandre dans Paris une rumeur de défaite. Paris se refusa d’abord à y croire. Il se rappelait s’être couvert de drapeaux le jour de Frœschviller à l’annonce d’une fausse victoire, et il ne voulait pas, cette fois, prendre le deuil d’un faux désastre : l’expérience qu’il avait faite du mensonge lui servait à ne pas se rendre à la vérité. A la séance du Corps législatif, Montauban fit connaître les bruits apportés par la presse étrangère, mais déclara que le gouvernement n’en avait reçu aucune confirmation.

Cependant, l’annonce précise du désastre était, depuis le 2

  1. Voyez la Revue des 1er et 15 janvier.