qu’ils ont réussi à exciter ait été peut-être excessive. Mais il est notoire aussi que les profits du bétail et des produits secondaires de ferme ont été très beaux en 1894. Le prix de la viande n’a pas baissé pendant cette période de trois années qui a vu fléchir dans une si forte proportion la valeur de tant de denrées. Le bétail est cher, la volaille s’est vendue à des prix élevés, de même que le lait, le fromage et le beurre. Veaux et porcs ont atteint des cours qui n’avaient pas été vus depuis assez longtemps. On a donc suggéré de divers côtés l’idée d’employer ce blé, qui se vend si mal et à si vil prix, à nourrir bétail, volaille et porcs. Les Américains l’ont déjà fait, mais nos paysans ont quelque peine à admettre cet expédient ; ils n’estiment point que le blé soit une nourriture pour les bêtes ; et pourtant ils se rendront à l’évidence lorsqu’ils auront reconnu qu’à prix presque égal, ce qui est le cas actuellement, le froment est la meilleure des céréales au point de vue de l’alimentation du bétail.
Ce n’est là qu’un expédient. La réforme essentielle que l’agriculture peut et doit réaliser par un emploi énergique de sa volonté, éclairée au moyen des mille formes que l’on s’ingénie à donner aujourd’hui à l’enseignement agricole, est l’augmentation progressive du rendement du blé à l’hectare. Ce rendement a déjà fait de sérieux progrès. La moyenne était de 10,5 hectolitres en 1830, de 14 en 1881, de 15 en 1886, il est de 17 h. 36 en 1894. Supérieur aux rendemens des pays jeunes, — on a vu toutefois que la République Argentine arrivait déjà à 14 hectolitres, — il est bien inférieur à ceux de pays voisins où la culture est perfectionnée : 21 hectolitres et plus pour la Belgique, la Hollande, le Danemark, et jusqu’à 29 pour l’Angleterre. Dans certaines régions de la France la culture est intensive ; on cite des rendemens particuliers de 25 et 30 hectolitres. Si l’on considère isolément une partie de la France septentrionale, comprenant onze départemens, où les terres sont depuis longtemps bien entretenues et fumées, on obtient une moyenne de rendement de 24,50 hectolitres. Mais le produit reste très faible dans d’autres milieux où le travail de l’homme a moins aidé la nature. Il est de toute évidence que bien des perfectionnemens sont encore à réaliser et que l’adoption progressive de meilleures méthodes de culture donnera un jour des rendemens bien supérieurs. M. Grandeau nous apprend que les résultats obtenus au parc des Princes ont donné une récolte moyenne de 45 hectolitres, soit presque le double de la récolte moyenne de la région du Nord. « Loin de moi, dit-il, la sotte prétention de donner ces expériences comme une démonstration de ce qui pourrait être fait partout; je sais mieux que