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L'AFRIQUE ROMAINE

PROMENADES ARCHÉOLOGIQUES EN ALGÉRIE ET EN TUNISIE

VII.[1]
LA CONQUÊTE DES INDIGÈNES

Si nous comparons l’œuvre que nous avons accomplie en Afrique à celle des Romains, il me semble que nous ne manquerons pas de raisons d’être fiers de nous-mêmes. D’abord nous avons achevé la conquête du pays en cinquante ans, c’est-à-dire beaucoup plus vite qu’eux, et notre victoire n’a pas été seulement plus rapide, elle est aussi plus complète. De la Méditerranée au Sahara, tout nous appartient, et il n’y a pas de steppe si déserte, de montagne si sauvage, où ne flotte notre drapeau. Dans cet espace immense, nous avons construit des forts, bâti des villes, assaini des plaines empestées, tracé près de 13 000 kilomètres de routes. Nous y replantons la vigne, nous y avons amélioré la culture de l’olivier et des céréales, nous sommes en train de lui rendre la richesse et la vie qu’il avait perdues. Ce sont là de grandes choses, et dont nous pouvons nous glorifier.

Mais il faut reconnaître aussi que notre succès n’est pas entier. Dans une partie de notre tâche, qui n’était pas la moindre, nous avons tout à fait échoué. Après avoir vaincu les anciens habitans,

  1. Voyez la Revue des 15 janvier, 15 février, 1er avril, 1er juillet, 15 août et 15 novembre.