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13 août, « entre tous les Français, sur les dispositions générales des bâtimens, jardins et agencemens divers de l’Exposition. » Les concurrens avaient quatre mois pour préparer leurs plans et devis. En même temps, on leur imposait un programme très détaillé et un tracé rigoureux des terrains sur lesquels ils devaient exercer leur sagacité et leur imagination.


I

Dès que fut officiellement annoncée cette grande fête internationale, les esprits s’étaient mis en campagne et s’étaient ingéniés à chercher le site où il conviendrait de la célébrer. Les uns la voulaient mettre dans l’enceinte militaire de Paris, les autres la rejetaient plus volontiers hors des murs, à Auteuil, au Bois de Boulogne, au sommet de Courbevoie, dans le parc désolé de Saint-Cloud, même à Versailles, où les grands espaces ne manquent pas, où les palais déserts et les avenues abandonnées semblent attendre toute la fleur des populations du globe pour renaître à la vie et à la gloire.

Malgré les réels avantages du site et de l’économie, ces projets un peu en l’air n’eurent aucun succès auprès de la commission supérieure et surtout auprès du conseil municipal de Paris, qui tenait à garder les profits que ces fêtes quasi décennales procurent à la caisse de l’octroi. Cette douane généreuse avait recueilli, en 1889, une somme ronde de loi millions. La part contributive de la Ville, dans les dépenses pour 1900, était à ce prix : il fallait rester dans l’enceinte, on y resta. Mais des objections s’élevèrent. Le cadre de l’ancienne exposition était bien usé ; il avait déjà servi trois fois et s’était toujours trouvé trop étroit. On avait dû adjoindre au Champ-de-Mars les allées du quai d’Orsay, puis l’Esplanade des Invalides ; que pourrait-on y ajouter de plus ?

Il partit alors un cri de joie et d’espérance qui venait des hauteurs de Passy. « Que cherchez-vous pour y étendre vos constructions et vos jardins ? Vous avez auprès de vous la plaine de Grenelle. Vous pouvez doubler, tripler, quadrupler même les 40 hectares de votre Champ-de-Mars. Les terrains n’y ont pas grande valeur ; ils sont hérissés d’usines à hautes cheminées, dont la fumée, sous le vent d’Ouest, se répand sur les plus beaux quartiers de Paris et porte, jusqu’au Louvre, ses molécules fuligineuses. Jetez bas tous ces foyers malsains qui cachent une des plus belles vues de Paris, la vue sur les bois de Meudon, jusqu’à Sèvres d’un côté, et de l’autre jusqu’à Sceaux et Fontenay-aux-Roses ; poussez-les hors de l’enceinte où elles auront plus d’espace et de