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LA FIN DU SECOND EMPIRE

II.[1]
LA DERNIÈRE ARMÉE


I

Quels que fussent les mérites comparés de la marche sur Metz et de la retraite sur Paris, l’essentiel était, après avoir fait son choix, de pousser au succès par l’énergie concordante de tous, et surtout de ne pas perdre de temps, car, on l’a dit, « le malheur n’en accorde jamais ». Le plus mauvais des partis, le seul qui n’offrît aucune chance, c’était d’hésiter entre eux, aller de l’un à l’autre, et, ne sachant ce qu’on voulait faire, permettre à l’ennemi de faire ce qu’il voudrait.

Ce danger du moins ne semblait pas à craindre. De tous les conflits que la diversité des opinions crée entre les hommes, les désaccords sur les plans de campagne sont d’ordinaire les plus vite apaisés. Dans l’armée, toute controverse s’achève en un ordre, et la puissance d’une hiérarchie indiscutée met au service de la mesure prise l’effort même de ceux qui l’ont combattue. Subordonné à Montauban et nommé par lui, Trochu n’avait pas qualité pour faire échec aux volontés du ministre, et après avoir vainement tenté de le convaincre, il se rendit le 16 août à Châlons pour lui obéir et prendre le commandement du 12e corps. Mais là son rôle, ses devoirs et ses droits allaient être subitement changés.

L’empereur, après nos défaites, avait pensé, comme le général, à ramener l’année sur Châlons et à couvrir Paris. A la suite

  1. Voyez la Revue du 1er janvier.