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Mais, en deçà de l’Oxus, toute la région qui s’étend entre ce grand fleuve et la mer Caspienne forme la province Transcaspienne, qui est habitée par les Turkmènes. Ce pays a fait partie pendant longtemps du gouvernement général du Caucase ; aujourd’hui il en est détaché, et constitue un gouvernement indépendant, dont le siège est à Askhabad. Ce gouvernement se divise, comme chacune des provinces du Turkestan proprement dit, en ouyezd. Les divisions sont au nombre de cinq : Manguichlak, Krasnovodsk, l’Akkal-Tekké, Merv, Tedjen. Cette dernière ne porte que le titre de cercle (okroug). L’oasis de Merv et le pays environnant, qui ne formaient également jusqu’ici qu’un okroug, ont été élevés récemment au rang d’ouyezd.

Au nord et au nord-est du Gouvernement général du Turkestan, la région touranienne en deçà de l’Imaüs est complétée par quatre autres provinces, peuplées par la même race, mais placées aujourd’hui politiquement sous des commandemens différens. Les trois premières forment le Gouvernement général de la Steppe. Ce sont les gouvernemens d’Akmolinsk, de Sémipalatinsk, et du Sémiretchinsk, dont les capitales sont respectivement Akmolinsk, Sémipalatinsk, et Viernoïé, l’ancienne Almati ou Almalik. Le quatrième gouvernement est celui de Tourgaï, dont le chef réside à Orenbourg.

La division politique du Turkestan étant ainsi esquissée, nous nous bornerons à résumer très sommairement les principaux traits caractéristiques qui différencient l’administration de ce pays de celle de l’Algérie.

Nous n’entreprendrons pas, toutefois, dans le cadre d’un simple article, d’établir un parallèle complet entre les détails techniques de l’administration du Turkestan par les Russes et les détails similaires de l’administration algérienne : nous nous bornerons à signaler quelques traits essentiels ou plutôt à tâcher d’en résumer l’esprit.

L’une des différences les plus évidentes à première vue, c’est le caractère militaire de l’autorité centrale. Tous les gouverneurs généraux du Turkestan, jusqu’à présent, ont appartenu à l’armée. Ce fait est d’autant plus intéressant à noter que les populations sartes sont, en somme, pacifiques, et qu’à la différence des tribus arabes elles honorent le commerce, l’industrie, les lettres : elles n’auraient nulle répugnance à reconnaître la suprématie de gouvernans civils.

Cependant, à notre avis, le maintien du régime militaire en Turkestan est absolument logique. On lui doit très probablement la tranquillité du pays et l’absence de toute velléité de révolte ; on lui doit surtout l’unité de direction dans l’administration, qui ne saurait exister en Algérie, où, à côté d’un gouverneur général