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NOTES DE VOYAGE


EN ASIE CENTRALE




LE TURKESTAN RUSSE





En ce moment où toutes les nations européennes se partagent le monde dans un vaste mouvement d’expansion coloniale, l’un des plus intéressans actes de ce drame est celui qui a eu pour théâtre l’Asie centrale, région qui depuis trente ans a été le champ d’action de la Russie. L’œuvre accomplie de ce côté n’est inférieure, ni par sa grandeur, ni par son étendue géographique, ni par son importance dans l’évolution générale de l’humanité, à la tâche qu’ont remplie pendant la même période, sur d’autres points du globe, la France et l’Angleterre, ou d’autres nations plus tard venues.

La connaissance de la géographie de l’Asie centrale, longtemps très imparfaite, a fait de grands progrès dans ces derniers temps, grâce aux nombreux travaux des savans russes surtout ; il reste cependant à dire sur ces contrées bien des choses nouvelles, au moins pour le public d’Occident.

Au point de vue plus particulièrement français, l’étude de la région dont il s’agit présente, en dehors de son intérêt intrinsèque, un intérêt tout spécial, que l’on pourrait appeler un intérêt de comparaison. Il existe en effet une analogie vraiment frappante et toute particulière entre la tâche entreprise par la France sur le rivage méridional de la Méditerranée et la conquête du Turkestan, c’est-à-dire de cette partie musulmane de l’Asie centrale, naguère encore indépendante et sur laquelle la Russie