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Aucune d’ailleurs ne l’est autant — sous le rapport des appointerons — que les vendeuses de la nouveauté ; mais elles sont plus haut placées sur ce qu’on nomme « l’échelle sociale », et, dans notre démocratie, cette hauteur se paye… parce qu’elle correspond à un profit moindre.

Les grandes banques peuvent aussi répondre que, si elles se montrent peu prodigues envers ces commis et commises, méritans et dévoués pour la plupart, c’est qu’il n’est pas en leur pouvoir de faire des largesses. Leurs bénéfices à elles-mêmes sont très restreints. Le conseil du Lyonnais, dans un de ses rapports, estimait en principe à 40 pour 100 des recettes brutes le montant des frais d’exploitation pour une société financière bien administrée. Cette proportion a cessé d’être exacte : elle est de 43 pour 100 à la Banque de France, de 44 pour 100 au Comptoir d’Escompte, et de 54 pour 100 à la Société générale.

Sur 39 millions de recettes brutes, la Banque de France a 17 millions de dépenses ; le Comptoir a 3 175 000 francs de frais pour 7200 000 francs de recettes ; la Générale reçoit 0700 000, et dépense 3 600 000 francs. Une très grande part des frais généraux — le quart environ — est absorbée par l’impôt, qui, sous des formes diverses, a, depuis vingt-cinq ans, augmenté de 600 pour 100 les charges de cette branche d’industrie. La loi nouvelle des patentes représente à elle seule 300 francs par tête d’employé. Par suite, le dividende annuel distribué aux actionnaires de ces sociétés est peu en rapport avec les risques. Le progrès de l’épargne et la libre concurrence ont ici réalisé ce prodige : que l’argent du capitaliste s’aventure volontairement et travaille, presque pour le seul profit du public.


Vte G. D’AVENEL.