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Athènes et à l’Académie que le chat n’a pas eu sa place : cet album de Mlle Ronner le vengera !

Le XIVe siècle revit tout entier dans Froissart. Dans son existence aventureuse menée de château en château, chez Robert de Namur et le comte de Blois en France, chez la reine Philippe de Hainaut en Angleterre, où il vit Chandos et le Prince Noir, il a connu les grandeurs et les faiblesses de son temps et les a retracées dans ses Chroniques[1] avec cette naïveté mêlée de sens et de finesse qui donne un si grand charme à ses récits. Il a raconté le premier les luttes nationales contre l’étranger et comment la France, qui ne fut jamais plus près de sa perte, fut sauvée de la ruine.

Elle ne devait pas tarder à se relever tout à fait sous Jeanne d’Arc. Les manifestations d’enthousiasme qui se sont produites cette année même en l’honneur de Jeanne d’Arc que nos malheurs nous ont rendue plus chère, le culte grandissant pour la vierge de Domrémy, en attendant que l’Église canonise celle que Dieu, prenant la France en pitié, suscita pour la délivrance de son pays, donnent une véritable actualité aux beaux livres de M. Emile Gossot[2], d’une grande simplicité dans la forme, d’une grande vérité historique, et cette vérité est assez belle pour que la légende ne lui prête rien. Les eaux-fortes de L. Flameng ajoutent à la sévérité et à la distinction du volume. La nouvelle édition de M. Marins Sepet[3], la vingtième depuis 1869, se distingue des précédentes non seulement par les modifications apportées au texte lui-même, qui a été l’objet de nouvelles révisions d’après les écrit les plus récens et les plus autorisés des historiens de la Pucelle d’Orléans, d’après les pièces authentiques de son procès, mais encore par l’illustration, en partie renouvelée, qui accompagne le texte. On y remarquera les gravures d’après Andriolli, J. Blanc, de Gurzon, Le Blant, Maignan, Maillart, Rochegrosse, Zier et Oulevay. Cette histoire de Jeanne contribuera à augmenter dans la jeunesse l’admiration pour l’héroïque libératrice d’Orléans, qui mit Talbot en fuite dans les plaines de Patay, et à répandre l’amour des grandes choses pour lesquelles la Lorraine inspirée affronta le martyre. Et l’édition beaucoup plus modeste de Jeanne d’Arc, que donne à son tour M. Louis Moland[4], avec des gravures en chromolithographie bien faites pour frapper l’imagination des enfans, leur rendra, dès le plus jeune âge, l’héroïne encore plus familière ainsi que les merveilles de sa vie.

L’étude de ces volumes bien faits pour montrer comment la France peut tomber et comment elle se relève, peut permettre d’avoir quelque

  1. Chroniques de Jehan Froissart, édition par Mme de Witt, 1 vol. gr. in-8o avec planches en chromolithographie, compositions en noir et gravures; Hachette.
  2. Jeanne d’Arc, par M. Emile Gossot, 1 vol. gr. in-8o; Ducrocq.
  3. Jeanne d’Arc, par M. Marins Sepet, 1 vol. gr. in-8o; Alfred Mame, Tours.
  4. Histoire de Jeanne d’Arc, par M. Louis Moland, 1 vol. in-4o ; Garnier.