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c’est qu’ils n’ont pas eu un homme de génie. Tous ont eu du mérite, de l’instruction, quelques-uns ont été des héros d’une persistance et d’un courage admirables; mais au milieu de tout cela, aucun grand talent. Les jésuites n’ont pas bon cœur. Le vilain cœur perçait partout. C’étaient de vilaines gens... Ils avaient donné leur âme. Que voulez-vous attendre d’un homme qui a donné son âme? C’est un homme vidé.


Cette dernière note doit être de 1831; en voici d’autres de juin et juillet 1830; on y sent déjà le souffle de la Révolution qui approche :


Il y a dans le peuple français à un très haut degré la qualité d’être sociable. Être sociable, c’est se réunir aisément dans une communauté d’idées. Qu’est-ce que ces idées communes? Le sens commun d’une très grande masse d’hommes, il est très probable que c’est la vérité. Vox populi, vox Dei. Le sens commun, c’est le sens divin. Aussi c’est à cause de cette sociabilité que la France est le plus près de la résurrection des idées religieuses. Le plus grand danger pour notre génération serait de s’occuper du présent au point de ne plus travailler. On ne comprend le présent qu’en s’occupant du passé. Nos plus belles histoires de la Révolution sont entièrement ininstructives, parce que leurs auteurs n’ont pas connu ce qui précédait. Exemple : la France est divisée entre deux législations, deux systèmes contraires, le droit romain et le droit coutumier, et un des grands faits de la Révolution est celui-ci, la réunion des deux Frances en une seule. Ce que la Révolution a fait de plus grand, c’est le code Napoléon, et ce code, c’est la fusion de deux droits, il faut donc les connaître. Etudions le passé; le passé est difficile à connaître, mais ce présent, si agité, qui tourbillonne devant nos yeux, combien plus difficile encore ! Il faut avouer qu’il est impossible à connaître à qui ne connaît pas le passé.

Le droit obscur et méconnu du peuple a eu pendant de longs siècles une enveloppe mystique. Les deux pouvoirs spirituels, le monarque et le prêtre représentaient l’idée nationale, tout ce qui ne tenait pas aux localités de la terre, tout ce qui était abstrait et central. Le droit du peuple a grandi sous cette enveloppe. Peu à peu le prêtre s’est séparé du peuple; puis enfin le roi s’est séparé du peuple. Le peuple s’est aperçu qu’il pouvait s’en passer et les a rejetés. C’est ce que nous voyons aujourd’hui. C’est le peuple tout nu. Cela surprend un peu. Quelquefois ce n’est pas beau. Mais si ce n’est pas beau, c’est colossal. Le mont Athos taillé en statue... Ce colosse n’est pas si méchant. Comme les géans de romans qui ne sont jamais bien terribles, il ne s’agit que de l’apprivoiser.

Le peuple grandit sous le prêtre et d’autant mieux que le prêtre est un homme du peuple. Au XIIIe siècle ils se séparèrent. Et c’est fort heureux. Nous aurions eu une espèce de démagogie sacerdotale, qui aurait renversé les rois et la liberté. Si les communes l’avaient emporté, la France aurait été divisée en une foule de petites républiques. Si les prêtres l’avaient emporté, la nation n’eût connu de liberté que dans la religion : une populace mise en mouvement par les prêtres... Par l’équilibre de tous les élémens, le peuple grandit avec l’appui du pouvoir royal et sacerdotal. Il a vu d’abord que la liberté était indépendante du prêtre. Ensuite il a vu que le roi lui-même était inutile. Combien il est important que les communes aient péri. Si la