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Nous marchons donc insensiblement vers une simplification de plus en plus grande. La délivrance par nos sept grands réseaux de cartes d’abonnement annuelles qui permettent au titulaire de ne payer partout que demi-tarif, moyennant une somme fixe prépayée, est un autre pas fait dans cette voie. Laissons le temps accomplir son œuvre. Il est possible qu’à l’époque où les quarante mille kilomètres de voies d’acier reviendront en pleine propriété à la nation, le service des chemins de fer rentre dans la définition de ceux des monopoles qu’il est avantageux de faire exploiter par l’Etat. À ce moment-là il sera temps d’opter entre une exploitation directe par le ministère des Travaux publics ou l’affermage à des compagnies particulières.

Mais à l’heure actuelle il serait contraire à notre intérêt de chercher à devancer cette époque. Cette hâte serait une source de dépenses pour la communauté et n’améliorerait pas le service des chemins de fer. C’est de la collaboration des compagnies et de l’État que doivent naître chez nous les perfectionnemens incessans que le public réclame et qu’il a raison de réclamer : la vie n’est-elle pas le mouvement, et le mouvement ne doit-il pas être un éternel effort de l’humanité vers une condition supérieure à celle dans laquelle se sont trouvées les générations précédentes qui ont paru à la surface du globe? Nous tenons à clore notre étude par cette réflexion. Si nos premières paroles condamnaient l’agitation stérile qui veut détruire avant de savoir ce qu’elle édifiera, notre dernier mot doit être un hommage rendu à tous ceux qui chaque jour s’efforcent de faire mieux que leurs devanciers : l’industrie moderne nous a montré ce qu’elle sait accomplir dans cet ordre d’idées ; elle n’a pas fait et ne fera pas pour les chemins de fer moins que pour le reste,


RAPHAEL-GEORGES LEVY.