charge des départemens, des communes et des intéressés.
Cette législation donna lieu à des abus, surtout après que la loi du 10 août 1871 eut permis aux Conseils généraux de se concerter pour des mesures d’intérêt commun, ce qui rendit plus facile la réunion en un faisceau de lignes situées dans plusieurs départemens. Au 31 décembre 1875, il s’était créé, à côté des six grandes compagnies, 35 sociétés nouvelles, concessionnaires de 137 chemins de fer dans 41 départemens pour une longueur totale de 4 381 kilomètres. La plupart de ces entreprises, fondées pour faire concurrence aux grands réseaux, ne purent vivre : elles furent rachetées par l’État qui en rétrocéda un certain nombre aux six anciennes compagnies et forma, avec leur partie la plus homogène, dans l’ouest et le sud-ouest de la France, le septième groupe, connu sous le nom de chemin d’Etat. En même temps le célèbre plan Freycinet annonce la construction de milliers de kilomètres nouveaux : pour subvenir à ces dépenses la rente 3 p. 100 amortissable est créée, et les travaux sont entrepris sur tous les points du pays avec une activité fébrile.
La France se trouve alors, au point de vue des chemins de fer, dans une situation qui n’est pas sans analogie avec celle de la fin du règne de Louis-Philippe. Elle hésite entre les divers systèmes de construction et d’exploitation. L’Etat semble incliner à reprendre un rôle plus actif; non content d’avoir constitué le septième réseau et de l’exploiter lui-même, il se lance dans la construction de nombreuses lignes nouvelles. Mais ses budgets ne tardent pas à s’en ressentir ; les excédens de recettes font place à des déficits; il est forcé d’avouer qu’il s’est lancé imprudemment dans une tâche excessive et coûteuse. Il reconnaît que les grandes compagnies étant concessionnaires des artères principales, il est logique de leur imposer, dans la mesure du possible, la charge des lignes affluentes dont il s’agit d’achever la construction et d’assurer l’exploitation. Il désire surtout ménager son crédit direct et charger les compagnies de continuer les travaux pour son compte et d’emprunter à cet effet au moyen de leurs propres obligations les sommes nécessaires : il s’engage à leur rembourser en annuités, avant la fin de leur concession, l’intérêt et l’amortissement des sommes qu’elles se seront procurées par ces émissions[1].
De là les conventions de 1883, intervenues entre lui et les six grandes compagnies.
- ↑ Les compagnies, sur leurs titres, n’ont fait aucune espèce de distinction entre les obligations émises pour leur compte et celles qu’elles créent pour compte du gouvernement.