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VII

Vers midi et demi le général de Sonis, instamment appelé à l’aide, fit rompre son bivouac de Patay. Il dirigea par Rouvray-Sainte-Croix, Terminiers, Faverolles, la division Dubois de Jancigny, mise dès le matin à la disposition du général Chanzy, mais inemployée encore; lui-même conduisit sa réserve au plus court, vers Loigny; enfin, la division Deflandre, qui atteignait précisément Patay, reçut l’ordre de repartir et de marcher au canon.

Manquant de toutes données, le général Deflandre apprécia qu’il devait flanquer le 17e corps sur la gauche, et se donna Gommiers pour premier objectif. Cependant, la réserve passait entre Rouvray-Sainte-Groix et Muzelles ; elle s’orientait d’abord sur le moulin de Faverolles, puis, plus à l’ouest, conformément aux indications qu’apportaient incessamment des officiers dépêchés par le général Chanzy. Sonis, en doublant de vitesse, avait déjà gagné Villepion.

— Les affaires vont mal, lui dit le général Barry, devant le château. — Et peu après, le général Chanzy lui répéta cette phrase, ajoutant qu’il avait un régiment cerné et perdu dans Loigny.

— Si vous pouvez me remplacer ici, conclut-il, vous me ferez plaisir. — Il montrait du doigt les troupes qui jonchaient le terrain en avant de Faverolles.

C’était un ordre, et, pour l’exécuter, Sonis voulut se tourner d’abord vers cette division Deflandre à laquelle il n’avait pas encore donné de destination. Il commençait à la chercher sur cette vaste esplanade, et s’inquiétait de ne pas la voir, quand il aperçut la colonne Dubois de Jancigny qui descendait de Terminiers. Allant au plus près, il prit là deux batteries à cheval qu’il lança au galop jusque sur la route de Faverolles à Villepion; puis il plaça lui-même devant Faverolles le 51e régiment de marche. Mais à ce moment un autre danger vint l’attirer ailleurs.

L’attaque latérale de la division de cavalerie prussienne se prononçait depuis Nonneville. Attentif à cette partie du champ de bataille, car le matin même un capitaine des francs-tireurs Lipowsky était venu lui dénoncer les excursions enveloppantes du prince Albert, Sonis envoya dire à Deflandre de se garder ; lui-même fit tête avec sa réserve au nouvel adversaire. Un groupe de son artillerie s’établit à Gommiers; l’autre, qu’escortaient le 1er bataillon de zouaves pontificaux, quatre compagnies des mobiles des Côtes-du-Nord, les francs-tireurs de Tours et de Blidah, renforça près du moulin de Villepion les batteries de la division Jauréguiberry. Il était temps : déjà les pièces allemandes